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Des couleurs et des clameurs à l'horizon

2 Décembre 2022 , Rédigé par Hassani Mhamed

Rencontre des mots et des couleurs

Par M.Hassani

Maison de la culture Taoes Amrouche-Association ALFA

Bejaia 03 décembre 22

Extraits de « Des couleurs et des clameurs à l’horizon »

2018 éditions Berri Bejaia

Voici ce que m’ont inspiré quelques artistes peintres que j’ai croisés çà et là, au gré des rencontres, des expositions, des sollicitations…

Des mots pour les sensations que leur quête m’a fait vivre. L’altérité était au rendez-vous, la complicité aussi, mais surtout l’envie de faire un bout de chemin pour creuser ensemble un sillon humain.

Des mots pour vibrer à la musique des nuances sorties du fond d’une souffrance cachée, une fissure colmatée, une blessure jamais totalement guérie, mais aussi des airs cueillis à l’aube de l’humanité, au crépuscule d’une tyrannie ou à l’ombre d’un figuier… un témoignage de notre commune condition.

Je tiens à les remercier de m’avoir fait confiance, de m’avoir ouvert la porte de leur demeure artistique, de m’avoir laissé me mirer dans les flaques de lumière pour me dire avec leurs couleurs. A chaque fois c’était douloureux et jouissif, une expérience unique et irréductible.

Que le verbe prenne du zèle ou qu’il s’échappe de la toile pour voler vers d’autres cieux, emportant la lumière du lieu pour illuminer d’autres espaces, sachez que nos chemins ne sont étoilés que des pépites qui se dégagent de vos œuvres ouvertes.

Quelques extraits de mon ouvrage « des couleurs et clameurs à l’horizon » paru en 2018 aux éditions Berri à Bejaia et « L’ivre citoyen » paru en 2018 et rééditer avec augmentation en 2019 et 2020

Mes amis les artistes que j'ai cotoyé dans leur arts:

1-Bahloul Messaoud dit Elmes, est né et vit à Tazmalt, Bgayet.  Artiste peintre et céramiste diplomé des Beaux arts d’Alger, il a beaucoup exposé en Algérie comme en France.

Quand la couleur traverse les murs

L’artiste met le cadre en place. La couleur se chargera du sens.

           Il parle de ses triangles comme de ses enfants terribles que l’entourage refuse d’adopter parce qu’il ne comprend pas cette nudité, cette arrogance de l’artiste à se compliquer l’existence. Lui, de son côté, creuse. La nudité est apparence, la vérité profondeur.

            Au fil des heures, des jours ? Les formes et les couleurs creusent les murs… Le peintre s’essaie à tous les discours. Le poète joue au matelot raillant l’albatros dans sa démarche. Le peintre fait appel à tous ses maîtres qu’il condense dans des résumés géométriques.

Le poète refuse l’inculture. Il se cherche des appuis triangulaires. À son tour, il essaie d’entraîner le peintre dans des rimes aquatiques et des rêves catastrophes. Celui-ci s’avère bon nageur et habile interprète…

Au fil des semaines, des mois ? Les formes et les couleurs creusent les murs…

           Le poète se hisse à proximité du pinceau : ce qu’il voit lui ouvre d’autres perspectives.

La forme est l’idée et la lumière réfléchie.

           L’artiste se libère du cadre, la couleur prend forme et nourrit le sens.

           Au fil du temps, les formes et les couleurs creusent les murs…

           Étouffante impression d’effort gratuit, sans lendemain, sans destin : inutile et vain.

           Dangereuse tentation du vide.

La chute au bout du pinceau et du stylo.

           Puis les murs s’effondrent et la lumière jaillit, pulvérise les contraintes matérielles et libère l’imaginaire.

            L’atelier s’illumine. Les murs ont disparu par enchantement.

 

    2-Mechehed Djamal est un artiste peintre autodidacte qui s’est orienté vers la recherche et la réparation de manuscrits anciens. Originaire d’Ait ouartilane, il vit à Bgayet.

 

Tâches

D. Soufi peignait, à même le sol du couloir de l’immense marché couvert, entouré des commerçants qui ont quitté les quelques coins dispersés de leur étalage tenus sans grande conviction, vu l’hygiène ambiante et la consistance des produits exposés.

    Il peignait une grande toile à même le sol dont on ne distinguait même plus la couleur du carrelage… je le vis courbé, tournoyer, la main tendue prolongée par un couteau. Il donnait des coups à la toile, lui assenant des blessures dont le sang changeait de couleur en se coagulant autour de la balafre encore fraîche.

     Autour de lui, les commerçants vociféraient et gesticulaient pendant que lui donnait des coups de couteau - pinceau dans la toile...  quel est ce nouveau jeu inventé par mon ami pour distraire les gardiens de cet espace abandonné ? Un combat imaginaire qui provoquait le réel dans une mise en scène qui déclenchait l’hystérie des spectateurs ?

    Scène irréelle du boucher, il tenait un poignard d’une main ensanglantée et de l’autre son pantalon tombant, avec un rictus dans le maquis de sa barbe. Il dominait largement le peintre penché en avant et concentré dans sa quête. Attendait-il l’issue du combat de l’artiste pour le terrasser à son tour ? Quant au marchand de légumes, il tournait sur lui-même avec un encombrant et immense chou vert entre les mains. L’herboriste inculte arrivait de loin en montrant, à qui veut le voir, le livre saint qu’il serrait contre sa poitrine...

    Tous faisaient cercle autour du peintre en guerre contre sa toile qu’il a commencé par terrasser à même le sol crasseux de ce marché abandonné…

    Au bout d’un moment qui a duré une éternité, où j’ai eu toutes les visions d’un pays tourmenté et à jamais perturbé, j’entrais dans cette nouvelle dimension qui promettait. Je m’approchais, saluais l’assistance et demandais ce qui se passait, en m’apprêtant à féliciter l’artiste pour cette nouvelle création... 

    « Je n’avais pas assez d’espace dans « l’atelier » alors j’ai squatté momentanément le hall inutilisé. Les commerçants se sont sûrement dit que j’allais l’occuper définitivement s’ils me laissaient faire. Alors ils n’ont pas trouvé mieux que de m’accuser de salir le parterre avec ma peinture ! Regarde toutes ces saletés ! Ces araignées qui tissent dans tous les sens, ces têtes de veaux qui traînent partout... Et ils trouvent que mes petites taches de peinture salissent le parterre ! Je termine et je ramasse mes pinceaux ! ».

    Les gardiens de cet espace abandonné se dégonflèrent un peu et se dispersèrent en grognant leur insatisfaction. Je compris qu’Ils n’abandonnaient pas la partie, ils changeaient seulement d’angle d’attaque.

    3-Ouchen Smail est artiste et professeur à l’école supérieure des beaux arts d’Alger. Il a à son actif plusieurs expositions individuelles et collectives. Il est natif d’Aokas où il aime revenir peindre à l’ombre de Sidi Rihan, le saint tutélaire de la région.

Rencontre

Voilà deux ans que j’essaie de trouver un moment ou deux pour dialoguer avec mon voisin et ami Smail Ouchen. Le coincer entre deux phrases bien serrées comme un café presse pour le livrer à mes lecteurs. Apparemment, son nom et sa naissance ont dépeint sur son caractère et sa manière de vivre : furtif, sauvage et sibyllin.

Deux ans que je le vois se faufiler entre les saisons. Ah! Le coincer entre deux temps, le transformer en roseau, le presser jusqu’à lui faire parler le langage des mots… Non, rien ne sert de le presser, me suis-je dit. Surtout pas le presser, le stresser, me disais-je entre deux gorgées. Il viendra un jour s’allonger, fatigué de fuir. Il viendra se reposer après une frénésie de couleurs. Alors, là, je le prendrais à l’envers, la tête en bas et on parlera de la terre et des cieux !

Ce jour là, le verbe et la couleur, dans une danse jouissive, feront éclater les frontières de ce qui reste d’indicible dans notre quotidien risible.

Ce jour là est là. L’artiste a bouclé son cycle et attend de loger dans vos regards éveillés, ses couleurs en transe.

Et puis la couleur se déverse dans l’encrier de notre enfance occupée à dessiner des horizons renouvelés à l’infini.

    4-Zizi Nabila, originaire d’Aokas, est une artiste peintre autodidacte qui a participé à plusieurs expositions collectives et une première exposition individuelle.

Art me toi

Perdue devant la perspective de se dévoiler au monde, elle se rebiffe, tente de se dérober mais finit par s’ouvrir à l’échange amicale, tantôt fugace tantôt enfantin mais jamais simulé. D’une franchise et d’une spontanéité exceptionnelles, elle dit son cheminement naturel comme une eau qui coule de source et va, contournant les obstacles, dessiner son destin, jusqu’à atteindre le regard en attente.

Son regard fluide a la transparence et la couleur de l’eau de roche en route vers la mer. Elle lave nos excès sur son passage et dope notre curiosité du beau. L’autre est son rivage qui la sollicite pour partager l’indicible caché en elle qu’un coup de pinceau ramène à la surface. J’ai admiré et gouté la beauté née d’un réveil brusque à la vie et de la prise de conscience d’un départ imminent.

Elle, c’est Nabila Zizi née Benmehdi, artiste peintre qui fait dans l’Exécut’Art pour se maintenir à proximité.

 

    5-Ait Mehdi Salah est né et vit à Akbou, diplomé des beaux arts d’Alger, excellent performer, il a participé à de nombreux échanges à l’étranger.

6-Boussai Meziane né à Azazga, après des études aux beaux arts d’Alger, il mène de paire sa carrière artistique et d’enseignant à l’école des beaux arts d’Azazga.

 

Ili, sois, koun !

Du désir d’être au plaisir de plaire, de séduire et d’aimer l’autre, pour féconder le regard qui escalade les parois lisses du quotidien à la recherche d’une hauteur pour élargir son horizon.

La toile, vient-elle à la rencontre du verbe ? Et le verbe, accourt-il dans les bras de la toile ? Illusions de complémentarité, de solidarité, de complicité ou effet de miroir ? L’artiste ne compte plus. Seul, le regardeur s’affranchit de toute tutelle. En possession de ses deux béquilles, il part à la recherche d’un tout, d’une harmonie perdue. Le verbe et la couleur s’accouplent dans la pénombre du regard, sans autorisation préalable, un rapport de circonstance qui provoque un orgasme cathartique.

Les artistes se retirent pudiquement dans leur retraite réparatrice et préparatrice d’autres installations qui surprendront le regardeur impénitent tenter l’alpinisme des parois de l’esprit.

7-Karim Ziane artiste libre qui aime travailler dans des espaces publics.

L’ivre citoyen

Ce livre est arrivé par une hérésie artistique à l’assaut de la citoyenneté et de la modernité. Elle se nomme Karim et hante la ville des quatre-vingt-dix-neuf saints.

Qui suis-je, si je ne suis de mon temps ? Dit l’artiste citoyen qui parcourt les jardins et les placettes de la ville à la recherche d’un endroit pour installer son trépied.

Qui suis-je, si je ne suis citoyen de ma ville ? Clame l’artiste citoyen, penché sur sa toile comme un toubib, sur le corps malade d’un jeune sportif blessé dans sa fougue à vouloir atteindre le sommet, avant la tombée de la nuit.

Dans le chaos du monde l’artiste est le contre-chaos qui happe l’harmonie au passage, à la croisée des trajectoires des rais de lumière, là est le point choc qui brise le silence dans l’esprit du regardeur. La fécondation est la naissance du lien, la ligne d’échange, la continuité géométrique des formes de langage…

Mes romans

  1. « Performance à Rocher noir » paru aux éditions Maïa Paris et Boussekine Bejaia en 2019.

Ce roman a été conçu comme une performance artistique qui devait faire passer le poète de la poésie à la prose.

  1. « Nina l’être parfumé » paru aux éditions Boussekine Bejaia en 2021  

Ce roman utilise une installation artistique pour provoquer une société en attente.

   

Éditions Chapitre. Com et editions MaïaParis vous pouvez commander mes livres.
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