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entre deux rires, un rire...

19 Juillet 2019 , Rédigé par Hassani Mhamed Publié dans #articles et entretiens publiés, #publié dans Kabyluniversel, #articles parus dans le quotidien La Cité, #renouveau culturel

 

Aux nuits théâtrales de BOUTEGHWA 2019 

OU LE RIRE QUI SE RIT DU RIRE

Ou encore ENTRE DEUX RIRES , IL FAUT RIRE .

 

Rire ? Un drôle de médicament

Rire aux éclats,

en cascade,

en grelot,

Rire à en avoir mal au ventre,

à se rouler par terre,

Rire avec ou sans raison,

lâchez le rire que vous comprimez en vous :

votre corps vous remerciera.

C’est sérieux mes ami(e)s !

 

Et voilà ! Après « le sport est un médicament gratuit » de mes amis de l’association « sport et loisir » de Aokas que je salue au passage, c’est au rire de s’imposer comme la thérapie sur mesure à tous les maux de l’homo modernus dira mon ami Fodilus Assoulus ! le rire comme thérapie dira Docteur Melaez Sadoudi diplômée de rigologie ! là, je perds mon sourire. C’est tout ce qui nous manque alors que nous sommes en pleine révolution du sourire ?

Au début, ça me démangeait, j’avais besoin d’un artiste à croquer, à me mettre sous la dent, en manque d’exercice ; un artiste pas trop mûr ni trop vert, assez coriace pour libérer des étincelles quand on le coince comme un chat sauvage. Un artiste qui pète le feu, en un mot.

« Zalamite » était tout indiqué, en cette période de canicule et de feu de forêt ; mais aussi de mouvement circulaire des habitants d’une république bananière, qui ne veulent plus s’arrêter jusqu’à changer de régime alimentaire. Confrontés au décalage horaire, les castes dirigeantes confondent leur désir à la réalité et s’accrochent à leur fantasme d’initiés.

Zalamite a intégré la mémoire des habitants et des invités du village perché là-haut sur la montagne des Ait Aissa, où s’est construit le plus emblématique des théâtres citoyens. Il a été flashé par la disponibilité d’un public hors norme fait d’une majorité féminine.

Il y a une année de ça, Zalamite a mis le feu à ce paisible public féminin, mais c’était lui qui s’est brûlé les doigts tellement le retour de flamme était inattendu ! Une soirée mémorable comme tant d’autres à Bouteghoua !

Le public se souvient, il est revenu ce soir de la troisième nuit théâtrale de juillet 2019.

La première nuit a vu le feu et l’eau se battre et débattre sur scène dans le jeune corps de Nariman du nom d’artiste NAR WAMEN ! L’eau du feu ! Pour un mari à tout prix, elle a tenu en haleine toutes les femmes (jeune adulte et vielle), et s’est jouée des mâles… sans mal.

Une belle soirée.

Malheureusement j’ai raté la deuxième dont le titre interrogatif annonçait un contenu sûrement édifiant : qui suis-je ? Que mes amis de la coopérative Tamachahout m’excusent. Il paraît que la prestation était à la hauteur des attentes de l’assistance toujours passionnée de théâtre.

 

Voilà le décor est planté, le spectacle peut commencer.

C’est l’occasion de parler de projet et de bilan pour l’artiste Fossile As soul qui revient en courant d’un spectacle à Mostaganem. C’est qu’il y tient à se ressourcer auprès du magnifique public de Bouteghoua.

Allez y comprendre ! En pleine marche hebdomadaire, je pense théâtre. Le premier soir je me suis éclaté à Bouteghoua devant Nar Waman : le feu et l’eau sur scène !

Spectacle de la jeune Narimane, élève de l’atelier de Abdelaziz Hemmache qui officine au TRB avec son association « la compagnie des cigognes ».

Nar (le feu) brûle les tabous du dragage au féminin, il est vrai pour une seule finalité : le mariage à tout prix !

Le lieu magique qu’est Bouteghoua au sens mythologique méditerranéen donne une dimension autre à tout spectacle. L’artiste en est retourné. Il est mis face à son art sans artifice. Il n’y a pas de place au faux. Bouteghoua, la révolution l’exige : lazem tettwedhaw !

Les familles étaient là à s’éclabousser de rire et moi je surfais sur ces éclats pour réfléchir au mouvement citoyen en cours quand subitement, sans crier gare, la jeune comédienne s’en pris à Gaied ghir Salah en le convoquant sur scène ! le public répondit d’un « yettnehaw gaâ ! ».

Je disais que le lieu était magique, il ne porte aucune souillure, aucune virgule de morve du système ! Les artistes naissent et renaissent sur cette scène de terre battue, comme une aire de battage où les grains sont nombreux et la paille en sus : d annar n userwet ! lheb yella, alim g lfayda !

 

 

ENTRE UNE RIGOLOGISTE ET UN HUMOURISTE

 

 

Entre une rigologiste et un humouriste, y a til une différence ? entre le rire therapeutique et le rire artistique ? un rire sur ordonnance où l’ordonnancier qui vous fait rire ? ah non ! Zalamite s’est ri de la rigologiste ! tadtsa bla lmeana is yena ! rire sans raison est la pire des insultes !

Une soirée de dingue, cette troisième soirée théâtrale de Bouteghoua ! la thérapeute s’est invité au mauvais moment, dans un public qui s’éclate à merveille et un humouriste attendu avec impatience !

Il lui fallait à tout prix faire sa démonstration la Melaez de son père ! et en ouverture de soirée ! imaginez, qu’on vous force à rire alors qu’un spectacle de rire garanti vous attend ?

Pourtant ça a marché ! comme un vendredi de canicule, ça a marché comme le moteur qui tourne difficilement puis s’ébranle à merveille, répond au premier quart !

       

     Le public découvre cette jeune doctesse en rigologie venir faire son yoga du rire dans un milieu où les gens rient au naturel ! Ça lui rend la tâche facile, la thérapeute ! Mais le clou de son passage c’est l’interprétation de quelques chants (achewique) de nos vielles traditions, chants qu’elle a rencontrés au détour d’un enregistrement clandestin de Na aicha des Ait Aliwen ! Une interprétation fabuleuse avec un tempo bien de la région et la figue sur le plat, elle fait évoluer le texte pour l’adapter au mouvement citoyen en cours ! là c’était sublime ! On a envie de la serrer dans ses bras la gamine des Sadoudi, cette famille de Tizi N Berbère dont le père a inculqué l’humour et la science à tous ses enfants.

D’ailleurs, c’est le père qui est monté sur scène pour lui remettre le tableau d’honneur de l’association et elle l’a longuement câliné en disant à son public : il faut câliner vos proches, leur dire que vous les aimez, comme je le fais avec aemmi Ali mon père ! Rire.

            Entre-temps, Zalamite ce personnage créer par le comédien Fossile As soul, est rentré, au moins deux fois, sur scène pour exprimer son impatience et son désaccord pour cette concurrence déloyale. Tout le monde en a ri mais n’a pas mesuré la tragédie de l’humoriste pris de vitesse par la thérapeute !

            Il s’insurgeait contre l’importation insensée de thérapie des sociétés vieillies par le stress et l’isolement ! Que va-t-il devenir si les gens s’offrent un rire pharmaceutique ? En voilà une idée ! Et que faire de mes allumettes si vous mettez le feu à la poudrière ?

Un organisateur a coupé le son et la digne fille du Sahel s’est retrouvée sans voix, sans comprendre son intrusion dans le monde artistique bien codé ! Même le public ne se rendit compte de rien !

Zalamite n’en peut plus ! Stoïque, il gigote dans l’arrière-scène et se plaint à lui-même. Alors, comme un grand avec sa superbe de comédien chevronné, il s’avance dans l’allée entre la scène et les spectateurs, rien qu’avec son regard et sa démarche, il capta le public et vira la thérapeute d’un regard réprobateur ! le public s’éclata sérieusement, sans préliminaire, il retrouvait son rire naturel !

Et Zalamite, à travers la voix de Fossile As soul, son serviteur, se mit à démonter toute la théorie du rire forcé ! « imaginez que je rentre à la maison que je me mette à rire sans raison ! Et le vieux qui me surprend ! Ah il a bu le mécréant ! Ou que je trouve ma sœur en train de s’éclater dans sa chambre ! Avec qui tu étais ? Non, le rire sans raison est banni de ma société, c’est le chitane en personne qui vous fait gligligli sous les aisselles !

Et on voyait la thérapeute s’éclater parmi le public…

Assoul est ce grand comédien pur produit algérien qui est en train de s’internationaliser. Il capta l’assistance sans top de détour, en utilisant ses capacités d’improvisation. Il exploita toute la panoplie de nos tabous que le public, majoritairement féminin, brisa sans hésiter un moment, ce qui dépassait des fois l’attente du comédien, qui finit par se lâcher complètement, pour se laisser entraîner au gré du vent de l’assistance, jusqu’à se retrouver à surfer sur le mouvement citoyen en quête de liberté. « Yettneh’aw gaâ ! » et c’est parti pour la révolution du rire qui ressurgit sur scène !

Soirées mémorables, soirées théâtrales de BOUTEGHWA,

Théâtre citoyen

Théâtre mitoyen

Construit de nos mains

Pour voisines et voisins

Et tous les humains

Théâtre méditerranéen

Animé par les dieux païens…

Écrivait le poète dans son coin sous un arbre planté par la nouvelle génération de bénévoles.

Merci à l’association TADUKLI n Ait Aissa avec à sa tête la dynamique Farida Djabri.

 

Mhamed HASSANI

Ecrivain

 

 

           

 

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Hymne au mouvement citoyen

15 Juillet 2019 , Rédigé par Hassani Mhamed

CULTURE / CULTURE
 
© D. R.
 

Pour l’auteur, “le poète, et l’artiste en général, est sommé de se positionner sur l’échiquier des valeurs humaines et humanistes. Il est sommé de se positionner devant tous les cas d’atteinte aux droits humains, sinon on lui refuse sa place citoyenne et il devient le serviteur d’un système”.

Le poète, romancier et dramaturge bilingue (français, kabyle) Mhamed Hassani vient de publier un nouveau recueil de poésie, L’ivre citoyen. Suivi de La cinquième saison, chez Boussekine Éditions, ancien gérant de Jazz Éditions, aujourd’hui disparu. L’auteur, retraité de la direction de la formation professionnelle de Béjaïa, a à son actif plusieurs recueils de poèmes et pièces de théâtre et un roman. Il a toujours été actif au niveau du mouvement associatif. Il a été l’une des chevilles ouvrières du festival national de poésie, les Poésiades de Béjaïa, qui était incontournable pour les poètes, consacrés et en herbe.

Depuis qu’il a quitté la vie active, Mhamed Hassani s’est rendu disponible pour sa famille mais aussi pour le pays. C’est ainsi qu’il a décidé de joindre le geste à la parole. Car pour lui, “le poète, et l’artiste en général, est sommé de se positionner sur l’échiquier des valeurs humaines et humanistes. Il est sommé de se positionner devant tous les cas d’atteinte aux droits humains, sinon on lui refuse sa place citoyenne et il devient le serviteur d’un système”.

La sentence est sans appel : “A-t-il le droit de passer outre, de se considérer comme exempter d’aller au front, de rester à lancer des youyous d’encouragement ou d’incitation ? Quel doit être le degré et la forme d’engagement de chacun ?” Car pour lui, “l’artiste ne peut être citoyen sans conviction concitoyenne”. La raison écrira dans son poème L’ivre citoyen : “Le livre citoyen. S’écrit. Se lit. Au jour le jour. Avec le soleil levant. Et les femmes et les hommes. Qui vont de l’avant. En précurseurs. Des libertés.” Dans l’esprit de Mhamed Hassani tout est citoyen. Son recueil de poésie se veut un hymne à la citoyenneté. 

C’est ainsi que pour lui tout est citoyen : le livre, l’art, le théâtre, l’artiste. Et forcément avec la révolution du sourire en cours, l’ivre citoyen devrait être un livre de chevet des jeunes et moins jeunes, qui se mobilisent depuis le 16 février, date de la première marche citoyenne qui a eu lieu dans la ville historique de Kherrata avant qu’elle ne souffle, tel un vent de liberté, sur toute l’Algérie. Et pour cause, pour l’auteur, “la révolte est un carburant qui brûle toutes mauvaises graisses et maintient l’homme debout. Ils sont beaux. Vivants comme des dieux. Ils défient l’ordre obscur. Pour que naisse le jour. Des libertés”. 

Comme la poésie est un art vivant qui passe par la scène, le chant, la mise en voix des textes accompagnés de musiciens, Mhamed Hassani est présent à toutes les marches des libertés et rassemblements de soutien aux personnes et militants arrêtés : “Marche des libertés. Marche générationnelle. Debout citoyen. Occupons les ruelles. Boulevards et placettes (place Saïd-Mekbel). Bannissons la misère humaine, fédérons nos énergies. Sur la voie de la citoyenneté.”

Ce qu’il faut espérer, l’auteur qui épouse ces valeurs, que son livre rencontre son public. Un public présent en force lors des marches de la dignité. À ce propos, l’auteur a réussi à écrire un texte des plus aboutis sur un artiste de rue, Karim Ziane en l’occurrence – qui a fait l’École des beaux-arts de Azazga. Un extrait pour donner un avant-goût : “De jour comme de nuit, son pinceau repoussait les murs de l’interdit et libérait le cri de l’opprimé, tout en recyclant les espaces pollués de la presque ville qui ne digère plus ses déchets organiques ou humains
 

M. OUYOUGOUTE

 

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