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Rencontre du Poète Mhamed Hassani avec l’artiste peintre Ouchen Smail

28 Mai 2015 , Rédigé par Hassani Mhamed Publié dans #articles parus dans le quotidien La Cité

Rencontre du Poète Mhamed Hassani avec l’artiste peintre Ouchen Smail
Rencontre du Poète Mhamed Hassani avec l’artiste peintre Ouchen Smail
Rencontre du Poète Mhamed Hassani avec l’artiste peintre Ouchen Smail
Rencontre du Poète Mhamed Hassani avec l’artiste peintre Ouchen Smail
Rencontre du Poète Mhamed Hassani avec l’artiste peintre Ouchen Smail
Rencontre avec l’artiste OuchenSmail

Par Mhamed Hassani

Voilà quelque temps déjà que j’essaie de trouver un moment pour dialoguer avec mon voisin, l’artiste Smail Ouchen. Le coincer entre deux phrases bien serrées comme un café presse pour le livrer à mes lecteurs. Apparemment, son nom et sa naissance ont dépeint sur son caractère et sa manière de vivre : furtif, sauvage et sibyllin.

Comme le temps, il se faufile entre les saisons. Ah! Le coincer entre mes deux doigts, le transformer en roseau, le presser jusqu’à lui faire parler le langage des mots… Non, rien ne sert de le presser, me suis-je dit. Surtout pas le presser, le stresser, me disais-je entre deux gorgées. Il viendra un jour s’allonger, fatigué de fuir. Il viendra se reposer après une frénésie de couleurs. Alors, là, je le prendrais à l’envers, la tête en bas et on parlera de la terre et des cieux !

Ce jour là, le verbe et la couleur, dans une danse jouissive, feront éclater les frontières de ce qui reste d’indicible dans notre quotidien risible.

Ce quotidien, pourtant si riche en signes, certes invisibles pour l’homme pressé, accablé, tourmenté, jamais lâché par ses pairs, pour un moment de répit, de communion avec son idée, son rêve inédit, sa joie enfouie dans les tréfonds de sa vie.

Cet homme, pourtant toujours lâché au moment où son regard cherche sa paire pour labourer l’espoir et semer l’amour !

Ce jour là, nous confierons à la couleur, le sens de nos douleurs et au trait la trajectoire de nos communes certitudes.

Ce jour là est là. L’artiste a bouclé son cycle et attend de loger dans vos regards éveillés, ses couleurs en transe.

Et puis la couleur se déverse dans l’encrier de notre enfance occupée à dessiner des horizons renouvelés à l’infini.

Danse, tourbillonne pinceau ;

Aspire, inspire plume,

Le signe se répand dans l’espace, comme les chiffons votifs de nos femmes, accrochés aux branches de l’olivier séculaire qu’on « débranche » aujourd’hui pour le plaisir de paraître dominer la nature !

Que les masques authentiques se révoltent devant les visages hypocrites et envahissent les rues pour dire halte aux massacres aux noms d’idéaux qui ravivent l’ignominie humaine !

Que le verbe entre en transe devant une terre maternelle et charnelle, suspendue en l’air sur un brouillard de rires et de caresses vibratiles et que la couleur surligne notre furtive vie d’arrière plan.

Quand le verbe et la couleur dans une étreinte exponentielle, féconde l’espace sidéral, la réalité quotidienne se soigne sans difficulté : juste retour au naturel.

Le voilà ce jour arrivé, je vous le cède en(tre) deux pages !

Mhamed HASSANI

Rencontre du Poète Mhamed Hassani avec l’artiste peintre Ouchen Smail
Entretien : Je suis venu au monde dans une nuit d’enfer !

Ces questions précises sont venues après plusieurs discussions à bâtons rompus avec l’artiste Smail Ouchen.

Parle-nous de ton parcours :

Je ne peux pas parler de mon parcours si je ne parle pas de mon enfance. Naitre avec un sixième doigt à la main droite était déjà significatif pour l’artiste que je suis devenu aujourd'hui. Un sixième doigt mitoyen du pouce, jouant le rôle d'un pouce. Un tandem de pouces dans une seule main. Un autre événement, auquel je donne encore plus d'importance, est bien celui de ma naissance. Selon le témoignage de ma vénérable mère, je suis né dans une nuit infernale. Pendant que les gens du village cherchaient un peu de clémence dans des endroits qui peuvent leur offrir une piètre fraicheur.

C’était un 18 aout à 22 heures, la température avoisinait les 40 degrés. Conséquence d’un immense incendie qui dévorait les montagnes des alentours, de Jijel jusqu'à la Soummam. C’est dans cette fournaise que je suis né. Ma mère m’a mis au monde à la maison, à la manière traditionnelle. Elle venait d’avoir ses dix-huit ans et accouchait de son premier enfant, assistée par deux vieilles sages femmes du village, des qablas comme on les appelle.

Je suis venu dans ce monde dans une nuit d’enfer. Il a fallu la sagacité et l’efficacité de ma grand-mère qui commandait aux hommes de ramener de l’eau fraiche de la fontaine pour me permettre de survivre. Pour cela, grand-mère me mettait entre deux cruches d’eaux fraiches. Dès que celles-ci perdaient leur fraicheur, les hommes repartaient à la hâte les remplir à la fontaine. Pendant ce court intervalle, le temps de ramener les cruches fraiches, ma grand-mère me posait sur une nappe de prière et me faisait glisser sur le sol en terre de la chambre encore frais pour m’aérer.

Tes balbutiements dans l’art ?

Alors que je n'avais pas encore cinq ans, je dessinais dans une rivière pas loin de la maison. Je dessinais seul dans une nature sauvage sur des carreaux de sol en terre cuite que je volais à mon voisin qui construisait alors sa nouvelle maison. Mes outils étaient des cailloux colorés que je trouvais dans les sédiments généreux charriés par ce cours d'eau.

Dira-t-on que la difficulté de naissance et la difformité du corps prédestinent quelqu’un à l'art ? Le grand souci de la nature est-il de faire ses propres réparations ? L’art serait donc la réparation de l'être.

Ma scolarité était régulière, j’ai réussi à tous mes examens avec un niveau moyen. Ce qui est intéressant aussi, c’est que j'ai dessiné tout le long de ma scolarité, usant des outils scolaires de l'époque : crayons HB, crayons de couleur, feutres et aquarelles. J’excellais aussi dans les représentations scientifiques, anatomies et histologies ainsi que les cartes géographiques. J’ai acheté ma première boite aquarelle et un pinceau "Raphaël" chez Zizi Zoubir en vendant des noix de pecans alors que j'avais 14 ans.

Au secondaire, on m'a envoyé au technicum d'iheddaden en chimie générale. Bachelier en chimie, j’ai essayé de faire pharmacie, mais j’ai raté le concours d'entrée à la faculté de Senia à Oran. Alors, je me suis satisfait de m'inscrire en chimie industrielle à Bejaïa. Mais la relation à l'art était toujours présente. Je peignais et je dessinais au centre culturel universitaire dès son inauguration en 1990.

Diplômé en 1992, je redeviens berger avec une petite fréquentation de l'association Rahmani Slimane où j’ai essayé d'animer un atelier d'art plastique. Absence d'adhérents réguliers, je décide alors de rejoindre l'école supérieure des beaux-arts d'Alger malgré le refus des parents. Cette année pastorale m'a permis d'ouvrir les yeux sur le monde. En gardant mon cheptel, je fréquentais les vieux retraités du village et je lisais beaucoup. Littérature, poésie et histoire. Je faisais du modelage avec de la terre argileuse que je puisais dans les prés.

Une fois à l'école des beaux-arts, le monde changea tout d'un coup!!!! Je suis dans le rêve lui-même, je suis à Alger et fasciné par ce nouveau décor. Un scientifique et berger de naissance plonge dans son rêve dans des espaces paradoxaux. Le terrorisme, la décennie noire et l’art. Avant de rejoindre l'école des beaux-arts, on traverse chaque matin une ville torturée avec une peur au ventre. Ce qui est bien c’est que je savais où je vais.

Cette école m'a permis d'être moi même ; je participais dans de petites expositions. Mais mon premier baptême de feu était une exposition avec mon prof de peinture Abdelmalek Madjoubi à l'hôtel El Aurassi en décembre 1997. Quoi que j’aie déjà exposé lors de l'inauguration de la maison de la culture de Bejaïa en 1995. Là, ce sont les buts bien avant que je termine mes études d'art. En 1998 lors de sa visite à l'école supérieure des beaux-arts d'Alger, Jacques Lang fait halte devant mon travail dans l'atelier Issiakhem où on a longuement discuté. Il a été retenu par mon travail de l'époque et m'avait fait des éloges consistants.

La confirmation va se faire en France: exposition personnelle à Seine sur mer (Toulon) mars avril 2006, suivi d'une honorable participation à une exposition qui a réuni 30 artistes européens organisés par Mr serge Maillet le directeur de l'école supérieure de Toulon.

Parlez-nous de l’assassinat de Mr Assellah directeur de l’école des beaux arts d’Alger.

J’étais en première année, Assellah était mon directeur depuis 6 mois. Mais, à mon arrivée, j’ai trouvé déjà une contestation estudiantine à son égard. Caricatures triviales, grèves et assemblées générales organisées par le comité autonome qui portaient sur la reforme des programmes pédagogiques. Une lutte acharnée qui a abouti à l'organisation d'un congrès portant sur les réformes, en ce qui concerne la formation et le contenu des programmes au niveau du ministère de la Culture, auquel, malheureusement, Mr Assellah n'assistera pas. Il sera assassiné bien avant cet acquis réel des étudiants.

Le jour de son assassinat , que s’est-il passé ?

21 ans déjà! C’est comme si c'était hier, je me souviens très bien de cette matinée brumeuse et opaque du samedi 5 mars 1994, le ramadan tirait à sa fin. Laid elfitr approchait comme une promesse de délivrance. Hélas, ce qui ne fut pas. 9 h du matin, tout en sueur, j'avalais les nombreux escaliers qui mènent au premier étage de notre école, là où va se dérouler notre examen de dessin. Les copains se trémoussaient dans l'atelier, chacun de nous cherchait à trouver le meilleur point de vue devant le modèle qu'on devait dessiner ce jour-là.

Mais à peine a-t-on installé nos cartons à dessin et dans ce grincement continu des chevalets à ajuster, nous entendîmes des coups de feu. 9h 15 min, trois coups et un quatrième plus espacé, mais difficile à localiser, on croyait que ça se passait en dehors de l’école, du côté de la rue Bouguera. Toutefois, les cris déchirants de Nadia annonçaient la tragédie qui se passait pourtant sous nos pieds.

En toute hâte, comme un dingue, je dévalais les escaliers comme une étincelle, pour me retrouver quelques secondes après, seul devant deux corps allongés inanimés. Premier arrivé sur les lieux ! Abasourdi, je scrutais le corps de Mr Assellah. Sa tête baignait dans une marre de sang mêlé à sa salive sur laquelle flottaient encore ses lunettes de vue.

Si on revenait sur la marche des étudiants des beaux arts au printemps 1994 ?

C’était un 14 avril 1994, elle coïncidait avec le 40e jour de deuil du défunt Assellah. Depuis son assassinat, on n’a pas eu cours. Ce jour-là avait pris une ampleur inespérée. Après la fin des vacances scolaires du printemps, un grand nombre d'étudiants encadrés par le comité ont investi l'atelier de sculpture de l'école. Dans cet atelier, on a écrit toutes les banderoles, les slogans, des maquettes sous forme de cerveau.

Le jour de la marche, on était descendu en masse bien serrée, portant tous, sur nos têtes des guirlandes de marguerites jaunes et oranges et des feuilles de lierre. Nous avons investi la rue Krim Belkacem devant le portail de l'école. Nous étions tous assis sur la chaussée. Le dispositif sécuritaire arriva aussitôt. Malgré l’existence de la loi promulguée contre les marches, aucune tentative de répression n'a été faite. Avec la faim et la peur d’éventuels dérapages, on s'est levé tous comme un seul homme, main dans la main, filles et garçons, brandissant nos slogans ainsi que les cerveaux en carton avec des taches rouges sur des manches en bois, direction l'observatoire national des droits de l'homme. En tête de la marche était le président de notre comité, un sculpteur de Bejaïa notre ami et camarade courageux Graine Abdeslam (bislam pour les intimes). Je me souviens de lui, muni d'un tube conique en carton en guise de haut-parleur, il hurlait à tue-tête des slogans en bravant les CRS et policiers qui ont investi les trottoirs avec leurs armes de guerre. La marche grossissait avec l'adhésion d'autres citoyens se trouvant sur place. À chaque coin de rue où on trouvait des CRS postés, les étudiants mettaient des marguerites jaune et orange, cueillies dans le jardin de l'école, dans les canons de leurs fusils.

La marche se termine sur la place Adis Abbas avec un grand rassemblement, toujours brandissant nos accessoires. Ce jour-là, Saïd Saadi et Hachemi Cherif, sortis on ne sait d’où, avaient pris la parole. On se dispersa fin d'après midi, débarrassé de nos peurs et fiers d'avoir bravé le pouvoir. C’était une marche contre l'assassinat des intellectuels, des journalistes et contre l'intégrisme.

Tu es enseignant à l'école des beaux arts d'Azazga, tu veux bien nous en parler un peu ?

Cette école qui a été ouverte du temps de Mr Assellah a été fermée deux ans après son assassinat. Elle a été fermée du temps de Mr Djahiche qui a remplacé Mr Assellah. L’école a été fermée en 1994, pour des raisons sécuritaires disait-on ; le site de cette école, situé sur les lisières d'une grande forêt, l'expose facilement aux incursions terroristes. Cependant, les étudiants scolarisés ont été réorientés dans les autres écoles nationales (Constantine-Oran-Mostaganem). Ouverte du temps de feu Belkaid, elle sera ré ouvert en 1998 par ZahiaBenarous ministre de la Culture d'alors. La reprise des études a été faite l'année scolaire 1999/2000.

En septembre 2000, j'ai déposé ma demande d'enseigner ; ce qui fut accepté et j'y exerce jusqu'à présent. Mon parcours dans cette école est long et pénible. 5 ans après sa fermeture, l'école d'Azazga reprend du service, mais cette fois-ci en tant qu’école régionale autonome. 23 ans après, l'école existe toujours, elle nous dit qu'elle est indestructible. Déjà un grand nombre d'artistes ont été formés dans ce lieu magique, et portent toute sa flamme en attendant d'autres. Mes hommages sincères à tous ceux qui on participés à la création de cette école et sa persistance.

Quel est le rôle socioculturel des écoles des beaux arts en général et celle d’Azazga en particulier ?

C’est un investissement valable du fait qu'elle offre à l'individu un certain mode d'emploi en matière des compétences techniques et intellectuelles,et aussi de s'épanouir dans un univers esthétique, de vivre le rêve de la création de l'expression. Sur plan social, l'école apporte sa touche subtile dans notre cadre de vie, encore plus belle cette société qui adhère volontairement à l'esprit de ses artistes qui l'embellissent, qui chante sa bravoure, son combat pour les valeurs nobles? Comme elle peut être un rempart efficace à l'acculturation. Comme elle peut être aussi un capital inestimable, car elle produit de la richesse, de l'activité et des idées nouvelles. C'est une école intelligente qui sauvegarde le statut de ses hommes libres. S'ils ne veulent pas l'être, l'art les fera avilir. L’art est une activité très sérieuse, car c’est la seule activité qu’on n’est pas obligé de pratiquer pour vivre. L’art est un catalyseur qui réside dans notre corps ; il accélère les processus, mais ne rentre pas dans la réaction chimique de la société. L’art ne fait pas une société, il galvanise une civilisation, érige ses images illuminées d'intelligence et d’humanisme comme œuvre ultime. L’art peut corriger le passé ; la création est du "refaire"en mettant en considération les besoins du contexte.

Un mot sur le statut de l'artiste qui fait beaucoup de bruit ces derniers temps ?

Le seul statut de l'artiste est celui de l'être humain, anatomiquement et socialement qui joue un rôle. On ne peut pas obliger quelqu’un à devenir artiste, on ne peut pas lui dessiner un rôle, car c’est lui qui le dessine pour nous. Réduire un artiste à un dossier administratif est l'une des choses les plus absurdes. Si l'art n'est pas encore défini, comment définir un artiste ? Il n'y a que l'artiste qui est libre dans notre monde actuel. Derrière le statut de l'artiste, il y a le moyen de maitriser cet individu sans définition, imprévisible. Aucune société n'a prévu l'artiste, il naît ainsi et mourra ainsi. On n’est pas obligé de faire de l'art ni d'être artiste, celui qui éprouve de la difficulté dans l'art, il y a un océan de métiers devant lui. Il n’a qu’à choisir. L’artiste n'a pas besoin d'une institution pour l'être.

Pour le statut, il reste encore du travail ; il faut définir l'art, l'artiste, son rôle et les limites de sa liberté. Désigner le champ d'action. Car j'en suis sûr qu'on veut faire de lui une statuette.

Et le mouvement Cobra ?

Par rapport au mouvement Cobra que je considère personnellement comme étant un mouvement de conscience, m'a toujours inspiré du fait qu'il opère un retour à l'état virginal de l'art selon le débat de l'époque à savoir le conflit entre la figuration et l'abstraction dans les années 40. Ce mouvement qui marque la rupture avec le surréalisme parisien va associer à l'art plastique la notion de l'écriture avec joseph Noiret et ChristianDotremont. Un regard sur les cultures considérées jusqu'alors comme primitives. Ce qui fait que le Cobra va s'internationaliser en intégrant les caraïbes et l'Amérique du Sud au premier lieu grâce à certains artistes d'origine, comme Mata le Chilien, Lam le Cubain, LeroyClark le Trinidadien. Par ceux-là le Cobra embrasse l'africanisme en méthode et en formes.

Sans épuiser le sujet, notre artiste s’est déjà éclipsé me laissant conclure seul par cet extrait de poème que son expo m’a inspiré.

Rencontre du Poète Mhamed Hassani avec l’artiste peintre Ouchen Smail
Rencontre du Poète Mhamed Hassani avec l’artiste peintre Ouchen Smail

Sans épuiser le sujet notre artiste s’est déjà éclipsé me laissant conclure seul par cet extrait de poème que son expo m’a inspiré.

BALLADE PICTURALE (en trois temps)

1- De deux l’une

Un calumet pour Sidi Rihan

Un escalier pour monter au ciel

Un rocher pour s’exiler sur place

Une mer en miroir

Une mère en patrie

Sens jubilatoire

Au détour d’un reflet

Acte sublimatoire

En retour d’un dit

Exigence de mémoire

Ecrire aujourd’hui

Un oued comme voisin

Une montagne en héritage

Un écho lointain

Une présence sur un rivage

Un appel incertain

Au fond d’un coquillage

Un coucher de soleil

Un retour de voyage

Rituels magiques

Courses fantastiques

Entrent en scène

Des couples

Qui tanguent

Et s’accouplent

Extrait de Ballade picturale

Mars 2015

Mhamed Hassani

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11 Mai 2015 Publié dans #articles parus dans le quotidien La Cité

D’un printemps à l’autre

Par Mhamed Hassani

Littérature. «Algérie, le printemps reporté»,

un roman de Rachid Oulebsir enfin paru auxéditions Afriwen 2015.

Ce n‘est ni sa taille ni son regard, ni son nom, même pas son verbe... mais Rachid m’est toujours apparu comme un olivier ancestral et séculaire déambulant le boulevard des révolutions trahies d’un pays imaginaire.Rachid a de l’olivier toutes les qualités. Résistant, souple, enraciné, universel, nutritif et protecteur lors des étés tor- rides.Un égo aussi gros que sa générosité et capricieux avec lecœur sur la main. Comme il ne sait plus que faire d’un printemps malmené, détourné, reporté, exporté ou déporté, il a monté une mai- son d'édition pour l'éditer! Et nous on est resté à l’attendre sur les rives de notre mémoire.Finalement notre « Godot » est une saison au pays de Saint augustin et d’Apulée.Je savais que l’automne était sa saison de prédilection, il en a fait son levain pour se rendre compte que le cheminement de l’histoire est fait de sentiers tortueux, qu’il fallait souvent revenir sur ses pas pour un nouvel éclairage, une nouvelle avancée dans le décryptage des hiéroglyphes contemporains.En vérité le livre de Rachid Oulebsir a deux titres et plusieurs auteurs, le tout ramassé en un. Énigme à déchiffrer en attendant le retour du printemps. Un passe-temps.Du « printemps reporté » en français, je- découvre que « le printemps est une farce » en ta mazight. Pour cela, j’avais suggéré, dès la parution du livre, qu’il s’agissait peut-être « d’un printemps déporté » !L’auteur m’avait rétorqué, ironiquement, que c’était trop facile, parce qu’il pourrait fleurir quelque part ! Quand on a trop à dire et pas le temps de le dire, on multiplie les symboles, les repères, les exvotos, comme autant de mémoire consignée pour les générations futures.Le présent étant décadent, défaillant...Le printemps reporté est une farce en Kabyle !D’abord Rachid a refusé de me l’offrir, m’incitant à faire le geste d’encouragement, de mettre ma main à ma poche. Fallait que je le dise. Donc, pris de cours, puis qu’une Balade itinérante- pardon « littéraire » lui est consacrée ce jeudi, je me devais d’être à jour, pour lui coller quelques étiquettes, façon de me venger ! Chah !Lecture malintentionnée piégée par une langue bien fourchue !Le poète sans non, l’auteur caché derrière et le nous asphyxiant, m’ont irrité jusqu’à l’apparition du premier person- nage qui porte un nom, Djoudi, le véritable auteur de cette première partie quià défaut d’un texte sur la classe ou- vrière qu’il méconnaissait se rabat sur une parabole sur la délivrance du pays et son avilissement par les nouveaux maitres incultes.Irruption dans le présent, me suis je dis. Mais non, l'apprenti romancier n’est que l’autre Rachid, le jeune Rachid ? Qui soumet son pseudo projet de roman à la critique avant l’heure au grand Rachid. Auto critique qu’il aurait dû mettre en application ! Mais non, ça fait partie de l’histoire. Vous voulez que je vous dise ? Rachid joue à son propre critique, etveut nous piéger en se servant de notre curiosité qui va nous emmener à relire le texte pour vérifier ses prétendues critiques de la première partie !J’ai résisté au piège, il me fallait connai- tre ce Djoudi, jeune Rachid, qui a fait emprisonner le poète qui a chanté l’indépendance et les trahisons qui s’en suivirent, parce qu’il ne savait pas quoi en faire, comme une histoire inachevée qui a trop trainé dans le tiroir ! Comment la relier au présent ?Faire un détour par les bars d’Alger, se faire embarquer dans une descente de police se retrouver à faire son service militaire (ou maison de redressement ?)et décider de conclure en libérant le poète usé, dix ans après, suite à une grâce présidentielle, dans l’Algérie de la décennie sanglante !Après avoir été auteur, Rachid Oulebsir, en Kabyle convaincu qu’il faut tout fai- resoi-même, a créé sa propre maison d’édition pour éditer ses propres ouvrages ! Il a poussé l’audace jusqu’à faire sa propre critique dans le même ouvrage.Le Rachid d’aujourd’hui qui critique ses propres textes d’hier tout en les recyclant ! Dans tout ce labyrinthe, allez deviner qui est qui ! Qui est la voix de l’auteur ? Le poète ? Celui qui se cache derrière le nous ? Djoudi Lintello? L’auteur est omniprésent, à tel point qu’il étouffe le texte !N’empêche, j’ai lu le roman d’un trait ! Chah ! Faîtes en autant avant d’aller à la Balade itinérante pardon littéraire, qui renait de ses cendres à chaque fois qu’on l’oubli ! Et ça se passe au Théâtre Régional de Bejaia ce jeudi et ailleurs les autres jours, une fois par hasard ! Enfin c’est un peu la culture informe- elle. M. H.Algérie, le printemps reporté. Afriwen éditions, 2015. 145 pages,

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Liberté d'expression dites-vous?

6 Mai 2015 , Rédigé par Hassani Mhamed Publié dans #articles parus dans le quotidien La Cité

Liberté d'expression dites-vous?

De quelle liberté d’expression peut-on parler quand un peuple est privé de sa langue maternelle ?

De quelle liberté d’expression peut-on parler quand tout un peuple est privé de son éducation dans sa langue maternelle ?

Il est réduit à sous-estimer ses parents et à surestimer le maitre et bientôt à mésestimer tout le monde, et à tout dévaloriser, parce que tout s’avère ambigu et faux.

De quelle liberté d’expression peut-on parler, quand tout un peuple est privé d’information factuelle dans sa langue quotidienne ou d’origine ?

Il ne peut même plus réagir avec ses valeurs positives avec lesquelles il a survécu depuis la nuit des temps ! Ces valeurs qu’on appelle « taqvaylit » acquises dans la famille et notre société traditionnelle telle que : respecter son prochain, défendre le faible, se révolter contre l’injustice, ne pas jeter d’ordure dans la rue, ne pas s’ingérer dans la vie des autres, être solidaire, l’amour du travail, le respect de la nature... ces valeurs ont été tronquées par une morale religieuse ambiguë et hypocrite enseignée par de faux imams payés pour détruire tous nos référents culturels !

À force de lire et de déchiffrer, de voir et d’entendre, des faits dans une langue autre que celle de notre enfance, on a finit par ne plus se sentir concerné par tous les problèmes que vit notre société ; comme si, les informations qui nous parviennent concernaient une autre société que celle que nous retrouvons le soir à la maison, une fois la porte fermée !

De quelle liberté d’expression peut-on parler, quand tout un peuple est privé d’une formation qualifiante dans sa langue quotidienne, sa langue parentale ? Le résultat est doublement catastrophique :

Tous les métiers traditionnels et tout le vocabulaire qui les décrit se perdent au lieu de se moderniser! Et vive la course à l’argent facile, le désintérêt de nos jeunes aux métiers dits manuels et l’appauvrissement linguistique généralisé.

De quelle liberté d’expression peut-on parler à un peuple privé du discours présidentiel dans la langue de tous les jours ? Il ne peut que se sentir étranger dans son pays et se désintéresser d’un destin collectif qu’on n’arrête pas de détruire par le sommet!

Sans perdre de vu les objectifs de lutte et de solidarité avec toutes les personnes agressées par une dictature à mille visages,

Sans omettre de rendre un vibrant hommage aux défenseurs de la pluralité et de la liberté d’expression, victimes de l’ogre terroriste d’obédience islamiste ou autres,

Sans oublier de crier leur disponibilité pour défendre tous les opprimés de la terre,

A Bgayet un grand cri d’indignation à fusé des poitrines habituées à dire tout haut les gémissements de la société.

A Bgayet, c’est cette lancinante problématique linguistique qui domine les débats en ce 3 mai 2015 journée mondiale de la liberté d’expression !

Sans la reconquête de ce premier espace de liberté linguistique, il est illusoire de croire à une avancée qualitative de la société dans sa globalité ! Matoub, Le poète qui disait « sans ta mazight pas d’Algérie » n’avait pas tort ! On ne peut construire durablement une union sur une supercherie !

Mhamed HASSANI

Poète et dramaturge

Liberté d'expression dites-vous?
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