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Enfermement

5 Avril 2020 , Rédigé par Hassani Mhamed

Enfermement

   

 Je ne veux plus sortir, je ne sors plus. Se dit-il à chaque retour de l’extérieur. À chaque expédition, il revient bouleversé. Dès qu’il traverse le seuil de sa demeure, il sent un fourmillement sur tout son corps. Il a beau enlever ses vêtements, se laver toutes les parties exposées à l’air libre, il sent l’être invisible lui palper le corps à la recherche d’une issue pour pénétrer. Il a peur. L’angoisse de souffrir, de mourir ? C’est quoi la mort ? Est-ce elle qui fait peur ou la perspective de souffrir ?

 

   Quand il se prépare à sortir, par nécessité se dit-il, il est tout excité de se retrouver seul dans la rue, un certain temps. L’air est pur et le silence saint. La nature est vivante et l’homme absent. Il marche léger comme en apesanteur. Aurait-il perdu son poids ? Il avance en flottant dans l’air qui s’est un peu solidifié. Puis, arrivent les endroits vivants, fréquentés, où la nourriture est concentrée. Oui, il y a cette impression que ce sont les éléments qui se déplacent. Là, des groupuscules d’êtres humains devant chaque magasin. Il découvre une chaîne humaine, grand serpent qui enlace plusieurs bâtiments de la cité. Un mètre sépare chacun de l’autre. Ils faisaient la chaîne pour acheter quelques sachets de lait. Il est tenté mais se ravise ; contourne les bâtiments, se retrouve de l’autre côté de la chaîne mâle, face à un magma de femmes qui ne respectent aucune distance. Le virus s’attaque t-il qu’aux mâles ? Il se dirige vers le boucher où une seule personne était visible à l’entrée. Il s’arrête à deux mètres de la personne, mais constate qu’à l’intérieur il y avait quatre bonnes femmes qui discutaient en attendant qu’elles soient servies. Il continua son chemin vers le marchand de légumes qui a ses étalages à l’extérieur. Il prend un sachet, se choisit quelques oranges qu’il dépose sur la balance électronique. Le jeune homme, derrière la caisse, lui donne un chiffre et le vieux lui remet un billet et attend calmement sa monnaie qu’il recueille dans un sachet en plastique transparent qu’il tend au marchand. Le jeune marchand sourit de ce geste de protection.

      Non, il ne sortira plus, il mangera ce qu’il y a, il se suffit de peu, mais il ne sortira plus s’exposer à ce machin couronné. Il suffit de l’évoquer, il sent sa présence se manifester sur son corps. Rester confiné ; il paraît que c’est le seul remède. S’enfermer et attendre. Retour à la case départ. Rien ne sert de courir, de s’enorgueillir de son épaisseur matérielle, de se flatter d’être un humain émancipé de son ancêtre, le singe. Le voilà enfermé, pendant que les animaux reprennent de la liberté. Retournement de situation. Nous voilà pris à notre propre piège.

      Mais, l’être humain, s’est-il jamais rendu ? A-t-il jamais renoncé ?

Mhamed HASSANI

5 avril 2020

 

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M
Texte très descriptif de la réalité aussi bien, de ceux qui se protègent que de ceux qui n3 se rendent p1s compte du d1danger.
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M
merci pour le commentaire et abonnez vous à mon blog si vous ne l'avez déjà fait. au plaisir de vous relire dans un prochain retour.