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André Moumen Achour, dernière partie: Mots-men, l'aboutissement .

6 Mars 2021 , Rédigé par Hassani Mhamed Publié dans #poèsie et arts plastiques, #publié dans Kabyluniversel

Mots-men

            

André Moumen réalisant le moule de son oeuvre " L'appel du Sud"

L’idée de mes œuvres ? C’est un fait. Elle a toujours été là, comme si on naissait avec. Puis, notre histoire confirme les traits, les contours, les ombres qu’on trimbale dans sa tête, longtemps… De temps en temps, quand la circonstance est favorable, une esquisse tombe et se met à vivre devant nous.

            Le flux migratoire, une constance de la grande Histoire de l’humanité. Partir pour un monde meilleur. L’exil, c’est prendre ses distances par rapport à sa vie pour y voir clair. Les gens quittent leur pays dans l’espoir d’un meilleur monde, par ce que celui qu’ils connaissent ne leur a pas permis de s’épanouir. Devant le vide et l’amertume des jours, partir sans réfléchir…

            Les esquisses sont dans ma tête, depuis ma naissance, il me semble qu’on naît avec sa thématique. L’exil commence tôt chez les artistes. Puis, a force de voir des jeunes prendre le risque de mourir pour traverser la mer avec une Barque, j’ai tout de suite pensé que c’était le moment de rejoindre l’actualité. un Artiste scrute les détails de la société, c’est comme un dessin d’observation, ça me rappelle les dessins d’Henri Toulouse Laurec.

            J’ai longtemps porté le projet, jusqu’à trouver l’endroit pour accoucher. Je remercie mon ami Djiadji diop pour m’avoir prêté son atelier à choisy le Roi. C’est un ami de longue date, on s’est connu à l’école Nationale Supérieur des Beaux-Arts de Paris, quand j’étais étudiant dans cette belle école ! Décembre 2017 et 2 018 il est parti à la Biennale au sénégale, son pays d’origine. J’ai eu le réflexe de lui suggérer de me prêter son Atelier jusqu’à la fin du mois de juin ! C’est là que je commençais mon projet sur la migration. Ta compagnie m’a motivé pour démarrer. J’étais heureux d’évoluer en ta présence.

          

  Je prenais des notes à tout hasard, parce qu’il est vrai, je ne sais jamais quel chemin prendraient mes divagations. Rien n’était assuré à l’avance, juste des tâtonnements et des tentatives qui pourraient très bien échouer au fond d’un tiroir (réel ou virtuel). Mais, la barque était prometteuse, nos harragas menaient haut l’aventure migratoire. Un matin de froid, elle se brisa en tombant de son perchoir. Moumen pris cela comme un mauvais présage. Il essaya par tous les artifices de la ressouder et de faire disparaître la cicatrice de la fracture. À un moment, je lui fis remarquer que la barque porte sa propre histoire que tu ne peux effacer. Il acquiesça et intégra l’incident dans son œuvre.

L’appel du Sud

Barques brisées par la vague

Moment tragique

Migration au fond des eaux

L’histoire retiendra les épaves

Que la plage recueillera

Que l’artisan travaillera

En chantant la migrance…

Et la cicatrice

Fut une signature originale.

                        Puis la barque se peupla et les continents émergèrent des océans et les migrations forcées puis volontaires d’hommes, de femmes et d’enfants, emportant avec eux leur culture ancestrale

et leur chant mémoriel, mais aussi, dans l’autre sens,  les armes meurtrières et les civilisations bétonnières prirent les voiles…        

         

Mhamed Hassani

Poète dramaturge romancier

Chroniqueur culturel

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