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Premier texte du tandem

8 Mai 2016 , Rédigé par Hassani Mhamed Publié dans #articles parus dans le quotidien La Cité

l'artiste peintre Salah Ait Mehdi
l'artiste peintre Salah Ait Mehdi

l'artiste peintre Salah Ait Mehdi

II
Ili ! Koun ! Sois !

 

    ILI ! n’a pas été écrit pour ces tableaux, ni inspiré par eux.

    Ces tableaux n’ont pas été créé pour ILI ! ni inspiré de lui.

    Leur rencontre a été un coup de foudre, une révélation, une fusion momentanée.

  ILI ! est l’expression d’un besoin de vie, d’une prise de vie, d’un moment d’extrême révolte où l’homme est prêt à écraser l’homme pour être ! Une extrême violence. L’extrême violence qui met au monde la vie au risque de tuer la mère. Parce que la vie ne fait pas de demi-mesure, elle est entière ou n’est pas.

   Le verbe cheminait depuis l’antiquité, suivant les vallées profondes et sinueuses aux façades ardoisées et glissantes, cherchant un point d’accroche pour s’y fixer et commencer son ascension vers le ciel, vers les sommets qui repoussent les lignes d’horizon. Le verbe est un alpiniste.

   Les parois lisses renvoient l’écho du verbe dans une musique aérienne qui rythme la marche et simule le vol. L’ascension est déjà une vue de l’esprit ! L’envol est éphémère et le sommet une idée préconçue.

   Alors la main qui glissait sur les paroisses se blessa et laissa son empreinte-sang sur l’ardoise. Le verbe trouva son appui et l’ascension commença, et la couleur se matérialisa, pris le verbe en amant pour se reproduire sur les parois de toute nature qui murent la vallée heureuse de la naissance, accompagné par l’écho murmuré des mots. Cette danse à trois fut rendu possible et nécessaire pour vaincre le temps, escalader les paroisses et voltiger sur les sommets pour éloigner les horizons.

   La rencontre du verbe et de la couleur n’est pas fortuite, ni accidentelle ; elle est un appel à la fécondité, comme les signes de nos potières sur l’argile séchée, à mi chemin du regard et de la parole. Une fusion du message dans le beau et l’utile.

    C’est par la volonté des auteurs que le sens nouveaux fût.

    Que le dépassement fût, que l’ascension commença et que l’idée germa.

  Séduire au-delà de l’apparence, creuser la paroisse du quotidien, figurer l’empreinte du temps comme la progression vers le sommet !

   Et la danse fut possible, donnant naissance à une nouvelle chorégraphie du sens surprenant un public en flagrant de paresse.

    Du désir d’être au plaisir de plaire, de séduire et d’aimer l’autre, pour féconder le regard qui escalade les paroisses lisses du quotidien à la recherche d’une hauteur pour élargir son horizon.

    L’objectif serait-il à la portée du simple désir ?

    Le poète s’en lave les doigts puisque l’autres’éveille à la caresse du vent.

    La toile, vient-elle à la rencontre du verbe ? Et le verbe court- il dans les bras de la toile ? Illusions de complémentarité, de solidarité, de complicité ou effet de miroir ? L’artiste ne compte plus, seul le regardeur qui s’affranchie de toute tutelle. En possession de ces deux béquilles, il part à la recherche d’un tout, d’une harmonie perdue. Le verbe et la couleur s’accouplent dans la pénombre du regard, sans autorisation préalable, un rapport de circonstance qui provoque un orgasme cathartique.

    Les artistes se retirent pudiquement dans leur retraite réparatrice et préparatrice d’autres installations qui surprendront le regardeur impénitent tenter l’alpinisme des paroisses de l’esprit.

    L’esprit de l’exposition est dans cette provocation picturale que le verbe triture jusqu’à la libération du message inattendu, insoupçonné avant la rencontre jouissive.

   Le poète, ce manager des âmes, se prête volontiers à cette manipulation des regards. C’est encore là, l’infini sens à donner à toute performance : rechercher dans l’apparent chaos, l’harmonie qui donne du sens à la présence humaine. Construire des digues, des ponts, des passerelles, même imaginaires, pour relier les éléments entre eux.

    Les mots endiguent le sens. Ils arrivent de loin pour réveiller la curiosité des premiers temps.

      Sortir de l’informel des couleurs primaires et embrasser les nuances du présent, telle est l’ambition de ce coït « pictoverbal » qui prend en otage le regardeur, le temps d’une jouissive euphorie qui le libère de ses entraves quotidiennes pour voir d’un autre angle, la vie s’ébrouer.

    Je me charge du regard inquisiteur en le piégeant dans sa tiédeur par une implosion de couleurs qui le grise de l’intérieur. C’est le contact avec l’air libre qui menace de transformer sa flamme en cendre grise. Le verbe, comme une allumette, guette les embouchures, pour rallumer le feu et relancer l’escalade vers les hauteurs.

Mhamed Hassani

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