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articles parus dans le quotidien la cite

La poétesse Ana Lina à La Cité: construire des réseaux sociaux est une condition à la réussite

12 Novembre 2015 , Rédigé par Hassani Mhamed Publié dans #articles parus dans le quotidien La Cité

La poétesse Ana Lina à La Cité: construire des réseaux sociaux est une condition à la réussite

Mon propos

Y at-il des Poèmes mâles et Une poésie féminine? Les premiers ministres en mal de féminité et la seconde en manque de masculinité? La fécondité poétique soi Nourrit-elle D'hormones CROISÉES ous d'hermaphrodisme inné?

Me contenterais-je de Parler du personnage ambigu D'un profil Numérique, Croisé-sur réseau social des Nations unies, Qui se Joue des Maux SOCIAUX Avec des Mots Au Sens perturbé?

Entre rimes mouillées Qui éclatent à la figure du lecteur et rythme brisé Qui inquiete le regard, Le Sens maintient le vers Comme un pied droit pendentif Que le rêve l'assouplit versez épouser le regard fuyant de la femme qui pleure ...

De la femme brisée

De la femme Grisee, de Ses Propres Blessures, Qui se redresse, Comme un roseau Après la tempête, versez Rejoindre les hauteurs de l'ivresse et de la musique céleste. Qui la Ramène vers la terre nourricière Cette Fois Dans Une danse-valse volontaire, Qui la fait slalomer versez eviter l'oued ravageur.

Entre coincée cieux coléreux et reliefs dévastés, OU semer la graine d'amour? Si ce ne est DANS LE creux d'une amie principale, au coin d'Un sourire généreux ous sur la rive d'Un regard mouillé?

Analina Écrit verser «narguer L'insipidité des jours» et vie «Le Temps d'une pensée versez brûler Comme une feuille de papier» Que le vent se chargera de dissiper Dans la nature D'où Elle renaîtra printemps de Chaqué Pour son réécrire aventure aérienne . Ou A travers les réseaux sociaux Numériques Qui se chargeront de la faire vivre Dans CE Lendemain, Qui n'a de paie Que la planète, de la religion que l'amour et de la civilisation Que l'humain.

Lina Ana, Ne EST PAS UN personnage virtuel Comme j'essaie de vous le faire Croire. De son vrai nom Linda Ait Bachir, et de fils nom d'auteur Analina, descendre du Djurdjura verser Elle se rapprocher de la mer. Son destin l'a accrochée sur les versants de Tazmalt, OU Elle redoubla d'énergie versez soi Libérer des ronces sociales Qui l'agrippent de partout, lacérant corps de fils, blessant son coeur, sans jamais briser fils égard FIXE SUR L'Horizon bleu de la Méditerranée.

Pour contourner les maquis sociaux, Elle chevaucha Les Réseaux Numériques. Le rêve humain est là! Avoir nec plus de corps physique, Être une énergie virtuelle, Qui va à Travers le monde en quête de chaleur et d'humanité bienveillante.

Et ce est dans this toile virtuelle Qu'elle Libéra fils imagination et se faufila Qu'elle Jusqu'aux cœurs Attentifs à la tendresse blessée.

Ce est Ainsi Québec sous le pseudo de Lina Ana, Qu'elle créa fils espace cyber poétique verser partager SES morceaux de textes et de reconnaissance to receive SES semblables. Et ce est with Un autre pseudo Qu'elle Edite fils premier recueil de poésie. Et ce est sur Face book que je te l'ai rencontrée, sans visage ET sans nom. Ce est une rivière de poésie Où il fait bon se laisser couler. Je l'imagine grande à l'allure très intellectuelle Avec Un cartable déformé et sa tenue effacée, COMME PROFESSEUR Trop préoccupé PAR SES Étudiants de l'ONU. Mais ce est vrai Qu'elle est enseignante et plus ... Il est des récits Qui me laissent sans voix. Et Celui of this Dame M'a convaincu Qu'elle un Un autre destin en construction. La vision Qui Me Vient à L'Esprit en l'écoutant, ce est Celle d'ONU bâtisseur Au milieu de ruines qui parle de la reconstruction future de sa ville Qu'un séisme a ébranlée. Écoutons-la, se livrer aux Lecteurs du quotidien La Cité.

Mhamed HASSANI

Entretien:

Bonjour! Lina Ana, Facebook de amie virtuelle, Qui irrigue de Ses poésies la toile. Analina, auteur de «Rêveries» recueil de poésie chez «Edilivre», can vous vous Présentateur aux Lecteurs du quotidien La Cité?

Je suis Linda AIT BACHIR, née à Aïn-El-Hammam, Dans la wilaya de Tizi-Ouzou, je ai vécu mon enfance à Tizi-Oumalou, UN VILLAGE petit Situé Dans la commune d'Abi Youcef-, Dans les hauteurs du Djurdjura Dont les paysages Me ont Toujours inspirer. Enseignante Chargée d'alphabétisation DEPUIS OCTOBRE 2013, où je ai APPRI à me projeter Dans des projets culturels Concrets un tribunal et Moyen Terme et les Mener Avec l'appui de mes Collègues et ami (e) s. Mon rêve Est de me perfectionner Vraiment Dans l'écriture et arracher ma place Dans Le monde de la littérature, je ai toujours aimé d'Écrire, et Tout Ce Que je ne arrive pas à dire à haute voix, je le dis avec ma plume .

Qui est M. Mokrane Lemdani Qui vous fait une belle présentation de juin Votre recueil de poésie «Rêveries» paru chez l'éditeur en ligne «Edilivre» en septembre 2015?

Ana Lina

un ami me corrigeait mes Qui Écrits, et un Fait Écrit La Présentation de mon livre AINSI Que Son arrangement. Oui, je me Retrouvé Dans Ce qu'il M'a Écrit.

je aime bien la prose poétique Votre

Ana Lina

Vous Parlez du «Train de vie» ous bien «Quand l'écriture DEVIENT UN» purgatoire

Du débuts Jusqu'à la «femme qui pleure» Qui M'a touché beaucoup d'ailleurs!

Ana Lina

Merci d'Apprécier. Eh oui, une femme qui pleure, CE Ne jamais pour rien.

Ça Doit Être tes Derniers Écrits, Parce Sont d'Qu'ils en plus mûrs et plus Structurés Que les Suivants.

Ana Lina

non pas du tout, mes Derniers Écrits Sont en voie de publication Dans un deuxième recueil.

Je parle de la DANS CE recueil «rêveries»

Ana Lina

Dans CE Premier recueil, oui, ILS ÉTAIENT Les Derniers Écrits.

Parce Que Je ai relevé Déséquilibre non flagrantes Avec la suite.

Ana Lina

Ça Prouvé Que je m'améliore. (rire)

Mais oui! et je suis Sûr Que l'Amélioration soi Poursuit.

Ana Lina

je l'Espère bien

Mais, Il Faut se méfier du verbiage, ne pas se laisser aller à la quantity au détriment de la qualité. Ce que tu fais sur Facebook ressemblent à celles à la Deuxième partie de "Rêveries" ...

Ana Lina

Disons Que ce also des rêves, d'amour.

Quel tonne Est, plus ancien souvenir d'enfance?

Ana Lina

Mon plus ancien souvenir d'enfance, ce est Quand je avais 4 ans au plus, mon père venait de m'offrir Une magnifique Paire de chaussures Rouges décorées de papillons. En les portant, Je Avais l'impression d'être un papillon, je courrais et criais «regarde papa, je suis un papillon!"

Quand est-ce que tu te es tu rendu Compte Que tu n'étais pas un papillon?

Ana Lina

Plus tard, Je avais Alors Besoin de me réfugier Dans Un endroit Qui Me donnait this sensation de l'être, et ce est à partir de la que je ai découvert l'écriture

Et ta maman?

Analina

pas du tout, je n'étais pas très proche de ma mère, de ma Plutôt grand-mère. il y'avait juin Sorte de rivalité Entre Elles, ma grand-mère me gâtait trop, Elle me couvrait Tellement d'amour! ma mère ne Pouvait ainsi ni me punir, Ni moi crier dessus. Alors je étais la fille de ma grand-mère n'avait pas de Qui fille, Je Pense Que Je ai beaucoup hérité de sa personnalité,

Et tu as des frères et sœurs?

Ana Lina

oui, Je suis l'aînée de Quatre Soeurs ET Deux Frères.

Et ton premier Écrit, Ce était quand?

Ana Lina

Mon premier Écrit Ce était ... Ce était Dans un cours de français, je avais un 14 ans, le prof expliquait la leçon, moi j'écrivais, la tête ailleurs, Ce était Venu comme ça. Le prof me avait interrogé sur le cours, je n'avais pas répondu.Il M'a Alors Demandé Ce que je faisais, je lui ai Montré Le Poème. il me avait puni en lisant le poème devant Toute la classe à haute voix! Puis, il me avait Demandé si ce était Vraiment moi qui en avais l'Écrit. Il me avait Posé des questions sur des la signification de CERTAINS mots, Puis il me avait félicité.

Et DEPUIS?

Ana Lina

DEPUIS je écris Toujours. Je ai perdu beaucoup de mes Écrits en ne Leur accordant pas d'importance Jusqu'au jour où je ai commencer à les Publier et à l'Avis Avoir des Lecteurs sur les réseaux sociaux, Facebook en Particulier. Et CELA DEPUIS Deux ans seulement! en septembre 2,015 mon premier recueil Est sorti chez «Edilivre».

Et si je vous dis, "papillon de nuit"?

Ana Lina

je vous répondrai Qu'il vole Dans le royaume des mots, D'vers de l'ONU de poésie à L'Autre

jusqu'a très tard each nuit.

Bien, je ai cru Comprendre Que VOUS AVEZ Été lauréate D'UN concours international de poésie, racontez-nous.

Je avais entamer une Publier ma poésie sur les réseaux sociaux, Face Book et Google Plus, je m'intéressais Fait à Tout ce qui touche à la poésie, Je ai trouvé le site «Poésie en Liberté», je m'y suis interested, voyant Qu'il y Avait ONU concours annuel, je ai Fait pris contacter Avec Les Membres de l'association, ILS Ont beaucoup apprecié mes Écrits, Puis Me ont Parlé de Leur réseau international.

Plus de 100 000 participants de 150 paie et Une Centaine de professeurs et des poètes du monde entier constituant CE réseau appuyé par PLUSIEURS Ministères de l'état français.

Des correspondants Sont Implantes Dans PLUSIEURS paie du monde, Comme Il ne en Avait pas en Algérie, je ai Déposé non CV et Une lettre de motivation, Auprès de l'association.

Ma candidature was acceptée au sujet de mon talent Dans l'écriture, ma Capacité d'initiative, le personnel de mon Réseau Dans la culture, Ils me ont Proposé Une lettre de mission ouverte et souple.

Fait mission Votre Consiste à animer des réseaux de poètes et un informateur les jeunes poètes du concours annuel SE DEROULE Qui?

Construire des réseaux is a la condition essentielle de la réussite. Je fixe moi-même Mes objectifs Locaux Dans le cadre du programme annuel de «Poésie en Liberté» négocié par le président.

Quelles Sont Les actions menées au Québec VOUS AVEZ JUSQU'A CE jour?

Je AI ETE voir-Deux lycées, associations culturelles PLUSIEURS au niveau national, le contact pris with several Professeurs Dans Les Pays du monde arabe, ILS en vont Participer with their Élèves. Ici, Une compagne de lancement Est Prévue verser janvier 2 016 au Jardin secret de Tizi Ouzou Dont le fondateur Veut sponsoriser le concours en Prenant à sa recharger les rencontres culturelles Qui sont DANS LE FAIRE, mais de connaitre le concours.

Et Bejaïa?

Dans la wilaya de Bejaïa, je ai aussi pris contacter with several profs, lycées deux, et je attends Une aide versez Un peu Élargir L'événement Dans la région. Je compte passer association voir l'«l'étoile culturelle d'Akbou», l'Université de Bejaïa, l'association culturelle d'Ighil Ali et d'autres ...

Pas de contacts sur les réseaux sociaux versez Bejaïa?

si, je ai pris contact with the association poètes et des écrivains de la wilaya de Bejaïa, ILS Sont Interesses Par le concours, je Dois passer les voir.

Vous Voulez lancer non appel à Travers les Lecteurs de La Cité?

Oui, Un Grand Nombre de jeunes exercent Leur panache en participant à Toute Sorte de concours, mon appel verser est tous les jeunes de 15 à 25 ans, Qu'ils Étudiants Soient, en formation, ou autre, de Participer au concours Qui est à sa 18e édition, de Renommée internationale, et Dont l'Algérie tiens CHAQUE année juin endroit Importante Dans la participation.

L'Algérie à compte au fil des annees des lauréats REMARQUABLES et une Été Toujours parmi les 10 Meilleurs participants!

Poésie en liberté is concours de l'ONU de poésie Qui Consiste à Envoyer un texte de 30 lignes OÜ vers UA maximale. Pas de thème imposé requiert et la participation gratuite.

Les gagnants are Messages à visiter Paris Où ILS rencontrent des poètes et des artistes Reconnus. Leur poème is also Dans Une anthologie et Différents éditeurs Leur offrent des recueils de poésie contemporaine.

Les dates de l'UA Concours Sont fixées du 1er Janvier Au 5 Avril et la participation Se Fait obligatoirement Sur Le site du concours: www.poesie-en-liberte.fr Un formulaire de participation is available Dès le 1er janvier 2 016.

Verser This année les Professeurs de lycée ET d'université, les légendes de la Animateurs Culturels PEUVENT s'adresser choix à la Correspondante officielle du concours: Mme Aït Bachir à l'adresse suivante: seriseana@gmail.com

Je suis Chargée de Suivre le Devenir du concours au Maghreb, en Particulier en Algérie où je te Cris versez La première fois non Prix spécial Qui sera réservé à l'Algérie, ne pas le lauréat sérums inviter un Paris Avec Les Autres lauréats Definis Dans le règlement.

Rien à rajouter? Mme Linda Ait Bachir, You are in Journal des Nations Unies sur papier directe, nos Lecteurs Traditionnels en vont vous découvrir, CE SERA Votre Deuxième naissance Auprès d'Un nouveau lectorat.

Je veux ajouter Une dernière a choisi, L'Une des Premières lauréats de la première édition du concours Était Une Algérienne de la région, Mounia Harkati à Aubervilliers, Elle was élue municipale of this ville de 80000 habitants PAR la suite.

Comme quoi la poésie Mène à tout, meme à la politique!

Je tiens à remercier also Le Quotidien La Cité verser me avoir ouvert SES pages et par là, contribuer choix à la promotion de la poésie Auprès des jeunes.

Entretien réalisé par Mhamed Hassani

(extrait du recueil «Rêveries» éditions Edilivre 2015)

Quand une femme pleure

Quand une femme pleure

Ce est Qu'elle a le cœur lourd,

Chargé d'Emois et de malheurs,

Ce est Qu'elle soi envoyé manipulée,

Ou Peut-être maltraitée;

Alors Elle pleure,

ELLE NE partie pas se cacher,

Elle laisse SES larmes ruisseler,

Pour alléger SES Emois.

Quand une femme pleure

Ce ne est jamais pour rien,

Ce est Qu'elle soi envoyé blessée,

Et Que Son «moi» Est touché,

Et Qu'elle soi envoyé sans défense;

Alors Elle pleure,

ELLE NE partie pas se cacher,

Elle laisse SES larmes ruisseler,

Pour alléger SES Souffrances.

Quand une femme pleure

Ce est Qu'elle manque d'amour,

Ce est Qu'elle soi envoyé délaissée,

Ce est une Qu'elle Besoin d'être enlacée,

D'être chérie et cajolée;

Alors Elle pleure,

ELLE NE partie pas se cacher,

Elle laisse SES larmes ruisseler,

Pour alléger fils manque.

Quand une femme pleure

Ce est une Qu'elle Besoin d'Affronter SES Peines,

Ce est une Qu'elle Besoin d'alléger son coeur,

Verser continuateur fils combat,

Voiture Dans sa vie tout combat Est;

Alors Elle pleure,

ELLE NE partie pas se cacher,

Elle laisse SES larmes ruisseler,

Verser Avoir en plus de force.

Quand une femme pleure

La mer déchaînée se calme,

Les vagues se retirent,

Attendris SES PAR larmes;

Le ciel gris fond en douce pluie,

Tendrement sur la terre,

Devant les flots de pleurs Qui coulent de Ses yeux.

Quand une femme pleure

Les oiseaux s'arrêtent de chanter,

Le soleil attristé Se laisse voiler un nuage de pair;

Et Quelques pièces Sur les hautes montagnes,

Née une fleur sauvage,

D'une beauté rare au parfum Qui Rend hommage,

Aux Larmes of this femme,

Qui pleure versez attiser sa colère.

Quand une femme pleure

Elle CONFIRME SA féminité.

Linda Ait Bachir dit Analina

Sur Facebook Lina Ana

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Mon "prosème"

20 Juillet 2015 , Rédigé par Hassani Mhamed Publié dans #articles parus dans le quotidien La Cité

Mon "prosème"
Mon "prosème"

Mon "prosème"

Entre poésie et prose, je réalise ma symbiose et mon écriture sculpte son chemin à coup de prosèmes qui brûlent du bois de langue, cette algue sèche très inflammable, pour réchauffer mes lecteurs, faire fondre les froideurs et favoriser l’éclosion de leur humanité atrophiée à force de brouter de la mauvaise herbe bourrée d’insecticide.

Entre pose et pause, mon verbe s’impose comme alternative à l’overdose de discours abusifs de ceux qui savent tout sur tout alors qu’ils n’arrivent pas à viser l’unique trou, si bien qu’ils salissent partout et dénient, à quiconque, tout droit d’être soi-même, tout simplement, sans être soldat de l’Empire.

Entre Dieu et ses prophètes, ma religion s’interprète comme une symphonie du soir qui annonce le prochain lever de soleil sur une humanité revenue de ses errances.

Entre la ligne droite et la courbe de tes hanches, je transgresse l’harmonie imposée, pour atteindre la suprême harmonie exilée de ton corps éreinté, douce humanité.

Et, c’est en équilibre sur le fil de ma pensée que je m’engage à rester debout, pour le restant d’éternité que j’ai entamé à ma naissance.

En adéquation avec ma première équation, je rejette les œillères familiales, claniques et racistes, pour tenter l’impossible résolution de l’univers, dans un ciel dégagé de tout parasitage et soumis à la seule quintessence de mon prosème, naviguant entre proses et poèmes, sur ce fleuve qui chemine vers l’immensité océanique, où se régénèrent, de leur souche primaire, les espèces corrompues, perverties puis anéanties par les excroissances et le réchauffement climatique.

Et, dans les livres d’histoire futurs, on racontera l’odyssée de mon prosème, à des enfants, encore innocents dans leur humanité.

Mhamed Hassani

Aokas le 12/07/15

œuvres du sulpteur Zizi Smail œuvres du sulpteur Zizi Smail

œuvres du sulpteur Zizi Smail

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Rencontre du Poète Mhamed Hassani avec l’artiste peintre Ouchen Smail

28 Mai 2015 , Rédigé par Hassani Mhamed Publié dans #articles parus dans le quotidien La Cité

Rencontre du Poète Mhamed Hassani avec l’artiste peintre Ouchen Smail
Rencontre du Poète Mhamed Hassani avec l’artiste peintre Ouchen Smail
Rencontre du Poète Mhamed Hassani avec l’artiste peintre Ouchen Smail
Rencontre du Poète Mhamed Hassani avec l’artiste peintre Ouchen Smail
Rencontre du Poète Mhamed Hassani avec l’artiste peintre Ouchen Smail
Rencontre avec l’artiste OuchenSmail

Par Mhamed Hassani

Voilà quelque temps déjà que j’essaie de trouver un moment pour dialoguer avec mon voisin, l’artiste Smail Ouchen. Le coincer entre deux phrases bien serrées comme un café presse pour le livrer à mes lecteurs. Apparemment, son nom et sa naissance ont dépeint sur son caractère et sa manière de vivre : furtif, sauvage et sibyllin.

Comme le temps, il se faufile entre les saisons. Ah! Le coincer entre mes deux doigts, le transformer en roseau, le presser jusqu’à lui faire parler le langage des mots… Non, rien ne sert de le presser, me suis-je dit. Surtout pas le presser, le stresser, me disais-je entre deux gorgées. Il viendra un jour s’allonger, fatigué de fuir. Il viendra se reposer après une frénésie de couleurs. Alors, là, je le prendrais à l’envers, la tête en bas et on parlera de la terre et des cieux !

Ce jour là, le verbe et la couleur, dans une danse jouissive, feront éclater les frontières de ce qui reste d’indicible dans notre quotidien risible.

Ce quotidien, pourtant si riche en signes, certes invisibles pour l’homme pressé, accablé, tourmenté, jamais lâché par ses pairs, pour un moment de répit, de communion avec son idée, son rêve inédit, sa joie enfouie dans les tréfonds de sa vie.

Cet homme, pourtant toujours lâché au moment où son regard cherche sa paire pour labourer l’espoir et semer l’amour !

Ce jour là, nous confierons à la couleur, le sens de nos douleurs et au trait la trajectoire de nos communes certitudes.

Ce jour là est là. L’artiste a bouclé son cycle et attend de loger dans vos regards éveillés, ses couleurs en transe.

Et puis la couleur se déverse dans l’encrier de notre enfance occupée à dessiner des horizons renouvelés à l’infini.

Danse, tourbillonne pinceau ;

Aspire, inspire plume,

Le signe se répand dans l’espace, comme les chiffons votifs de nos femmes, accrochés aux branches de l’olivier séculaire qu’on « débranche » aujourd’hui pour le plaisir de paraître dominer la nature !

Que les masques authentiques se révoltent devant les visages hypocrites et envahissent les rues pour dire halte aux massacres aux noms d’idéaux qui ravivent l’ignominie humaine !

Que le verbe entre en transe devant une terre maternelle et charnelle, suspendue en l’air sur un brouillard de rires et de caresses vibratiles et que la couleur surligne notre furtive vie d’arrière plan.

Quand le verbe et la couleur dans une étreinte exponentielle, féconde l’espace sidéral, la réalité quotidienne se soigne sans difficulté : juste retour au naturel.

Le voilà ce jour arrivé, je vous le cède en(tre) deux pages !

Mhamed HASSANI

Rencontre du Poète Mhamed Hassani avec l’artiste peintre Ouchen Smail
Entretien : Je suis venu au monde dans une nuit d’enfer !

Ces questions précises sont venues après plusieurs discussions à bâtons rompus avec l’artiste Smail Ouchen.

Parle-nous de ton parcours :

Je ne peux pas parler de mon parcours si je ne parle pas de mon enfance. Naitre avec un sixième doigt à la main droite était déjà significatif pour l’artiste que je suis devenu aujourd'hui. Un sixième doigt mitoyen du pouce, jouant le rôle d'un pouce. Un tandem de pouces dans une seule main. Un autre événement, auquel je donne encore plus d'importance, est bien celui de ma naissance. Selon le témoignage de ma vénérable mère, je suis né dans une nuit infernale. Pendant que les gens du village cherchaient un peu de clémence dans des endroits qui peuvent leur offrir une piètre fraicheur.

C’était un 18 aout à 22 heures, la température avoisinait les 40 degrés. Conséquence d’un immense incendie qui dévorait les montagnes des alentours, de Jijel jusqu'à la Soummam. C’est dans cette fournaise que je suis né. Ma mère m’a mis au monde à la maison, à la manière traditionnelle. Elle venait d’avoir ses dix-huit ans et accouchait de son premier enfant, assistée par deux vieilles sages femmes du village, des qablas comme on les appelle.

Je suis venu dans ce monde dans une nuit d’enfer. Il a fallu la sagacité et l’efficacité de ma grand-mère qui commandait aux hommes de ramener de l’eau fraiche de la fontaine pour me permettre de survivre. Pour cela, grand-mère me mettait entre deux cruches d’eaux fraiches. Dès que celles-ci perdaient leur fraicheur, les hommes repartaient à la hâte les remplir à la fontaine. Pendant ce court intervalle, le temps de ramener les cruches fraiches, ma grand-mère me posait sur une nappe de prière et me faisait glisser sur le sol en terre de la chambre encore frais pour m’aérer.

Tes balbutiements dans l’art ?

Alors que je n'avais pas encore cinq ans, je dessinais dans une rivière pas loin de la maison. Je dessinais seul dans une nature sauvage sur des carreaux de sol en terre cuite que je volais à mon voisin qui construisait alors sa nouvelle maison. Mes outils étaient des cailloux colorés que je trouvais dans les sédiments généreux charriés par ce cours d'eau.

Dira-t-on que la difficulté de naissance et la difformité du corps prédestinent quelqu’un à l'art ? Le grand souci de la nature est-il de faire ses propres réparations ? L’art serait donc la réparation de l'être.

Ma scolarité était régulière, j’ai réussi à tous mes examens avec un niveau moyen. Ce qui est intéressant aussi, c’est que j'ai dessiné tout le long de ma scolarité, usant des outils scolaires de l'époque : crayons HB, crayons de couleur, feutres et aquarelles. J’excellais aussi dans les représentations scientifiques, anatomies et histologies ainsi que les cartes géographiques. J’ai acheté ma première boite aquarelle et un pinceau "Raphaël" chez Zizi Zoubir en vendant des noix de pecans alors que j'avais 14 ans.

Au secondaire, on m'a envoyé au technicum d'iheddaden en chimie générale. Bachelier en chimie, j’ai essayé de faire pharmacie, mais j’ai raté le concours d'entrée à la faculté de Senia à Oran. Alors, je me suis satisfait de m'inscrire en chimie industrielle à Bejaïa. Mais la relation à l'art était toujours présente. Je peignais et je dessinais au centre culturel universitaire dès son inauguration en 1990.

Diplômé en 1992, je redeviens berger avec une petite fréquentation de l'association Rahmani Slimane où j’ai essayé d'animer un atelier d'art plastique. Absence d'adhérents réguliers, je décide alors de rejoindre l'école supérieure des beaux-arts d'Alger malgré le refus des parents. Cette année pastorale m'a permis d'ouvrir les yeux sur le monde. En gardant mon cheptel, je fréquentais les vieux retraités du village et je lisais beaucoup. Littérature, poésie et histoire. Je faisais du modelage avec de la terre argileuse que je puisais dans les prés.

Une fois à l'école des beaux-arts, le monde changea tout d'un coup!!!! Je suis dans le rêve lui-même, je suis à Alger et fasciné par ce nouveau décor. Un scientifique et berger de naissance plonge dans son rêve dans des espaces paradoxaux. Le terrorisme, la décennie noire et l’art. Avant de rejoindre l'école des beaux-arts, on traverse chaque matin une ville torturée avec une peur au ventre. Ce qui est bien c’est que je savais où je vais.

Cette école m'a permis d'être moi même ; je participais dans de petites expositions. Mais mon premier baptême de feu était une exposition avec mon prof de peinture Abdelmalek Madjoubi à l'hôtel El Aurassi en décembre 1997. Quoi que j’aie déjà exposé lors de l'inauguration de la maison de la culture de Bejaïa en 1995. Là, ce sont les buts bien avant que je termine mes études d'art. En 1998 lors de sa visite à l'école supérieure des beaux-arts d'Alger, Jacques Lang fait halte devant mon travail dans l'atelier Issiakhem où on a longuement discuté. Il a été retenu par mon travail de l'époque et m'avait fait des éloges consistants.

La confirmation va se faire en France: exposition personnelle à Seine sur mer (Toulon) mars avril 2006, suivi d'une honorable participation à une exposition qui a réuni 30 artistes européens organisés par Mr serge Maillet le directeur de l'école supérieure de Toulon.

Parlez-nous de l’assassinat de Mr Assellah directeur de l’école des beaux arts d’Alger.

J’étais en première année, Assellah était mon directeur depuis 6 mois. Mais, à mon arrivée, j’ai trouvé déjà une contestation estudiantine à son égard. Caricatures triviales, grèves et assemblées générales organisées par le comité autonome qui portaient sur la reforme des programmes pédagogiques. Une lutte acharnée qui a abouti à l'organisation d'un congrès portant sur les réformes, en ce qui concerne la formation et le contenu des programmes au niveau du ministère de la Culture, auquel, malheureusement, Mr Assellah n'assistera pas. Il sera assassiné bien avant cet acquis réel des étudiants.

Le jour de son assassinat , que s’est-il passé ?

21 ans déjà! C’est comme si c'était hier, je me souviens très bien de cette matinée brumeuse et opaque du samedi 5 mars 1994, le ramadan tirait à sa fin. Laid elfitr approchait comme une promesse de délivrance. Hélas, ce qui ne fut pas. 9 h du matin, tout en sueur, j'avalais les nombreux escaliers qui mènent au premier étage de notre école, là où va se dérouler notre examen de dessin. Les copains se trémoussaient dans l'atelier, chacun de nous cherchait à trouver le meilleur point de vue devant le modèle qu'on devait dessiner ce jour-là.

Mais à peine a-t-on installé nos cartons à dessin et dans ce grincement continu des chevalets à ajuster, nous entendîmes des coups de feu. 9h 15 min, trois coups et un quatrième plus espacé, mais difficile à localiser, on croyait que ça se passait en dehors de l’école, du côté de la rue Bouguera. Toutefois, les cris déchirants de Nadia annonçaient la tragédie qui se passait pourtant sous nos pieds.

En toute hâte, comme un dingue, je dévalais les escaliers comme une étincelle, pour me retrouver quelques secondes après, seul devant deux corps allongés inanimés. Premier arrivé sur les lieux ! Abasourdi, je scrutais le corps de Mr Assellah. Sa tête baignait dans une marre de sang mêlé à sa salive sur laquelle flottaient encore ses lunettes de vue.

Si on revenait sur la marche des étudiants des beaux arts au printemps 1994 ?

C’était un 14 avril 1994, elle coïncidait avec le 40e jour de deuil du défunt Assellah. Depuis son assassinat, on n’a pas eu cours. Ce jour-là avait pris une ampleur inespérée. Après la fin des vacances scolaires du printemps, un grand nombre d'étudiants encadrés par le comité ont investi l'atelier de sculpture de l'école. Dans cet atelier, on a écrit toutes les banderoles, les slogans, des maquettes sous forme de cerveau.

Le jour de la marche, on était descendu en masse bien serrée, portant tous, sur nos têtes des guirlandes de marguerites jaunes et oranges et des feuilles de lierre. Nous avons investi la rue Krim Belkacem devant le portail de l'école. Nous étions tous assis sur la chaussée. Le dispositif sécuritaire arriva aussitôt. Malgré l’existence de la loi promulguée contre les marches, aucune tentative de répression n'a été faite. Avec la faim et la peur d’éventuels dérapages, on s'est levé tous comme un seul homme, main dans la main, filles et garçons, brandissant nos slogans ainsi que les cerveaux en carton avec des taches rouges sur des manches en bois, direction l'observatoire national des droits de l'homme. En tête de la marche était le président de notre comité, un sculpteur de Bejaïa notre ami et camarade courageux Graine Abdeslam (bislam pour les intimes). Je me souviens de lui, muni d'un tube conique en carton en guise de haut-parleur, il hurlait à tue-tête des slogans en bravant les CRS et policiers qui ont investi les trottoirs avec leurs armes de guerre. La marche grossissait avec l'adhésion d'autres citoyens se trouvant sur place. À chaque coin de rue où on trouvait des CRS postés, les étudiants mettaient des marguerites jaune et orange, cueillies dans le jardin de l'école, dans les canons de leurs fusils.

La marche se termine sur la place Adis Abbas avec un grand rassemblement, toujours brandissant nos accessoires. Ce jour-là, Saïd Saadi et Hachemi Cherif, sortis on ne sait d’où, avaient pris la parole. On se dispersa fin d'après midi, débarrassé de nos peurs et fiers d'avoir bravé le pouvoir. C’était une marche contre l'assassinat des intellectuels, des journalistes et contre l'intégrisme.

Tu es enseignant à l'école des beaux arts d'Azazga, tu veux bien nous en parler un peu ?

Cette école qui a été ouverte du temps de Mr Assellah a été fermée deux ans après son assassinat. Elle a été fermée du temps de Mr Djahiche qui a remplacé Mr Assellah. L’école a été fermée en 1994, pour des raisons sécuritaires disait-on ; le site de cette école, situé sur les lisières d'une grande forêt, l'expose facilement aux incursions terroristes. Cependant, les étudiants scolarisés ont été réorientés dans les autres écoles nationales (Constantine-Oran-Mostaganem). Ouverte du temps de feu Belkaid, elle sera ré ouvert en 1998 par ZahiaBenarous ministre de la Culture d'alors. La reprise des études a été faite l'année scolaire 1999/2000.

En septembre 2000, j'ai déposé ma demande d'enseigner ; ce qui fut accepté et j'y exerce jusqu'à présent. Mon parcours dans cette école est long et pénible. 5 ans après sa fermeture, l'école d'Azazga reprend du service, mais cette fois-ci en tant qu’école régionale autonome. 23 ans après, l'école existe toujours, elle nous dit qu'elle est indestructible. Déjà un grand nombre d'artistes ont été formés dans ce lieu magique, et portent toute sa flamme en attendant d'autres. Mes hommages sincères à tous ceux qui on participés à la création de cette école et sa persistance.

Quel est le rôle socioculturel des écoles des beaux arts en général et celle d’Azazga en particulier ?

C’est un investissement valable du fait qu'elle offre à l'individu un certain mode d'emploi en matière des compétences techniques et intellectuelles,et aussi de s'épanouir dans un univers esthétique, de vivre le rêve de la création de l'expression. Sur plan social, l'école apporte sa touche subtile dans notre cadre de vie, encore plus belle cette société qui adhère volontairement à l'esprit de ses artistes qui l'embellissent, qui chante sa bravoure, son combat pour les valeurs nobles? Comme elle peut être un rempart efficace à l'acculturation. Comme elle peut être aussi un capital inestimable, car elle produit de la richesse, de l'activité et des idées nouvelles. C'est une école intelligente qui sauvegarde le statut de ses hommes libres. S'ils ne veulent pas l'être, l'art les fera avilir. L’art est une activité très sérieuse, car c’est la seule activité qu’on n’est pas obligé de pratiquer pour vivre. L’art est un catalyseur qui réside dans notre corps ; il accélère les processus, mais ne rentre pas dans la réaction chimique de la société. L’art ne fait pas une société, il galvanise une civilisation, érige ses images illuminées d'intelligence et d’humanisme comme œuvre ultime. L’art peut corriger le passé ; la création est du "refaire"en mettant en considération les besoins du contexte.

Un mot sur le statut de l'artiste qui fait beaucoup de bruit ces derniers temps ?

Le seul statut de l'artiste est celui de l'être humain, anatomiquement et socialement qui joue un rôle. On ne peut pas obliger quelqu’un à devenir artiste, on ne peut pas lui dessiner un rôle, car c’est lui qui le dessine pour nous. Réduire un artiste à un dossier administratif est l'une des choses les plus absurdes. Si l'art n'est pas encore défini, comment définir un artiste ? Il n'y a que l'artiste qui est libre dans notre monde actuel. Derrière le statut de l'artiste, il y a le moyen de maitriser cet individu sans définition, imprévisible. Aucune société n'a prévu l'artiste, il naît ainsi et mourra ainsi. On n’est pas obligé de faire de l'art ni d'être artiste, celui qui éprouve de la difficulté dans l'art, il y a un océan de métiers devant lui. Il n’a qu’à choisir. L’artiste n'a pas besoin d'une institution pour l'être.

Pour le statut, il reste encore du travail ; il faut définir l'art, l'artiste, son rôle et les limites de sa liberté. Désigner le champ d'action. Car j'en suis sûr qu'on veut faire de lui une statuette.

Et le mouvement Cobra ?

Par rapport au mouvement Cobra que je considère personnellement comme étant un mouvement de conscience, m'a toujours inspiré du fait qu'il opère un retour à l'état virginal de l'art selon le débat de l'époque à savoir le conflit entre la figuration et l'abstraction dans les années 40. Ce mouvement qui marque la rupture avec le surréalisme parisien va associer à l'art plastique la notion de l'écriture avec joseph Noiret et ChristianDotremont. Un regard sur les cultures considérées jusqu'alors comme primitives. Ce qui fait que le Cobra va s'internationaliser en intégrant les caraïbes et l'Amérique du Sud au premier lieu grâce à certains artistes d'origine, comme Mata le Chilien, Lam le Cubain, LeroyClark le Trinidadien. Par ceux-là le Cobra embrasse l'africanisme en méthode et en formes.

Sans épuiser le sujet, notre artiste s’est déjà éclipsé me laissant conclure seul par cet extrait de poème que son expo m’a inspiré.

Rencontre du Poète Mhamed Hassani avec l’artiste peintre Ouchen Smail
Rencontre du Poète Mhamed Hassani avec l’artiste peintre Ouchen Smail

Sans épuiser le sujet notre artiste s’est déjà éclipsé me laissant conclure seul par cet extrait de poème que son expo m’a inspiré.

BALLADE PICTURALE (en trois temps)

1- De deux l’une

Un calumet pour Sidi Rihan

Un escalier pour monter au ciel

Un rocher pour s’exiler sur place

Une mer en miroir

Une mère en patrie

Sens jubilatoire

Au détour d’un reflet

Acte sublimatoire

En retour d’un dit

Exigence de mémoire

Ecrire aujourd’hui

Un oued comme voisin

Une montagne en héritage

Un écho lointain

Une présence sur un rivage

Un appel incertain

Au fond d’un coquillage

Un coucher de soleil

Un retour de voyage

Rituels magiques

Courses fantastiques

Entrent en scène

Des couples

Qui tanguent

Et s’accouplent

Extrait de Ballade picturale

Mars 2015

Mhamed Hassani

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11 Mai 2015 Publié dans #articles parus dans le quotidien La Cité

D’un printemps à l’autre

Par Mhamed Hassani

Littérature. «Algérie, le printemps reporté»,

un roman de Rachid Oulebsir enfin paru auxéditions Afriwen 2015.

Ce n‘est ni sa taille ni son regard, ni son nom, même pas son verbe... mais Rachid m’est toujours apparu comme un olivier ancestral et séculaire déambulant le boulevard des révolutions trahies d’un pays imaginaire.Rachid a de l’olivier toutes les qualités. Résistant, souple, enraciné, universel, nutritif et protecteur lors des étés tor- rides.Un égo aussi gros que sa générosité et capricieux avec lecœur sur la main. Comme il ne sait plus que faire d’un printemps malmené, détourné, reporté, exporté ou déporté, il a monté une mai- son d'édition pour l'éditer! Et nous on est resté à l’attendre sur les rives de notre mémoire.Finalement notre « Godot » est une saison au pays de Saint augustin et d’Apulée.Je savais que l’automne était sa saison de prédilection, il en a fait son levain pour se rendre compte que le cheminement de l’histoire est fait de sentiers tortueux, qu’il fallait souvent revenir sur ses pas pour un nouvel éclairage, une nouvelle avancée dans le décryptage des hiéroglyphes contemporains.En vérité le livre de Rachid Oulebsir a deux titres et plusieurs auteurs, le tout ramassé en un. Énigme à déchiffrer en attendant le retour du printemps. Un passe-temps.Du « printemps reporté » en français, je- découvre que « le printemps est une farce » en ta mazight. Pour cela, j’avais suggéré, dès la parution du livre, qu’il s’agissait peut-être « d’un printemps déporté » !L’auteur m’avait rétorqué, ironiquement, que c’était trop facile, parce qu’il pourrait fleurir quelque part ! Quand on a trop à dire et pas le temps de le dire, on multiplie les symboles, les repères, les exvotos, comme autant de mémoire consignée pour les générations futures.Le présent étant décadent, défaillant...Le printemps reporté est une farce en Kabyle !D’abord Rachid a refusé de me l’offrir, m’incitant à faire le geste d’encouragement, de mettre ma main à ma poche. Fallait que je le dise. Donc, pris de cours, puis qu’une Balade itinérante- pardon « littéraire » lui est consacrée ce jeudi, je me devais d’être à jour, pour lui coller quelques étiquettes, façon de me venger ! Chah !Lecture malintentionnée piégée par une langue bien fourchue !Le poète sans non, l’auteur caché derrière et le nous asphyxiant, m’ont irrité jusqu’à l’apparition du premier person- nage qui porte un nom, Djoudi, le véritable auteur de cette première partie quià défaut d’un texte sur la classe ou- vrière qu’il méconnaissait se rabat sur une parabole sur la délivrance du pays et son avilissement par les nouveaux maitres incultes.Irruption dans le présent, me suis je dis. Mais non, l'apprenti romancier n’est que l’autre Rachid, le jeune Rachid ? Qui soumet son pseudo projet de roman à la critique avant l’heure au grand Rachid. Auto critique qu’il aurait dû mettre en application ! Mais non, ça fait partie de l’histoire. Vous voulez que je vous dise ? Rachid joue à son propre critique, etveut nous piéger en se servant de notre curiosité qui va nous emmener à relire le texte pour vérifier ses prétendues critiques de la première partie !J’ai résisté au piège, il me fallait connai- tre ce Djoudi, jeune Rachid, qui a fait emprisonner le poète qui a chanté l’indépendance et les trahisons qui s’en suivirent, parce qu’il ne savait pas quoi en faire, comme une histoire inachevée qui a trop trainé dans le tiroir ! Comment la relier au présent ?Faire un détour par les bars d’Alger, se faire embarquer dans une descente de police se retrouver à faire son service militaire (ou maison de redressement ?)et décider de conclure en libérant le poète usé, dix ans après, suite à une grâce présidentielle, dans l’Algérie de la décennie sanglante !Après avoir été auteur, Rachid Oulebsir, en Kabyle convaincu qu’il faut tout fai- resoi-même, a créé sa propre maison d’édition pour éditer ses propres ouvrages ! Il a poussé l’audace jusqu’à faire sa propre critique dans le même ouvrage.Le Rachid d’aujourd’hui qui critique ses propres textes d’hier tout en les recyclant ! Dans tout ce labyrinthe, allez deviner qui est qui ! Qui est la voix de l’auteur ? Le poète ? Celui qui se cache derrière le nous ? Djoudi Lintello? L’auteur est omniprésent, à tel point qu’il étouffe le texte !N’empêche, j’ai lu le roman d’un trait ! Chah ! Faîtes en autant avant d’aller à la Balade itinérante pardon littéraire, qui renait de ses cendres à chaque fois qu’on l’oubli ! Et ça se passe au Théâtre Régional de Bejaia ce jeudi et ailleurs les autres jours, une fois par hasard ! Enfin c’est un peu la culture informe- elle. M. H.Algérie, le printemps reporté. Afriwen éditions, 2015. 145 pages,

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Liberté d'expression dites-vous?

6 Mai 2015 , Rédigé par Hassani Mhamed Publié dans #articles parus dans le quotidien La Cité

Liberté d'expression dites-vous?

De quelle liberté d’expression peut-on parler quand un peuple est privé de sa langue maternelle ?

De quelle liberté d’expression peut-on parler quand tout un peuple est privé de son éducation dans sa langue maternelle ?

Il est réduit à sous-estimer ses parents et à surestimer le maitre et bientôt à mésestimer tout le monde, et à tout dévaloriser, parce que tout s’avère ambigu et faux.

De quelle liberté d’expression peut-on parler, quand tout un peuple est privé d’information factuelle dans sa langue quotidienne ou d’origine ?

Il ne peut même plus réagir avec ses valeurs positives avec lesquelles il a survécu depuis la nuit des temps ! Ces valeurs qu’on appelle « taqvaylit » acquises dans la famille et notre société traditionnelle telle que : respecter son prochain, défendre le faible, se révolter contre l’injustice, ne pas jeter d’ordure dans la rue, ne pas s’ingérer dans la vie des autres, être solidaire, l’amour du travail, le respect de la nature... ces valeurs ont été tronquées par une morale religieuse ambiguë et hypocrite enseignée par de faux imams payés pour détruire tous nos référents culturels !

À force de lire et de déchiffrer, de voir et d’entendre, des faits dans une langue autre que celle de notre enfance, on a finit par ne plus se sentir concerné par tous les problèmes que vit notre société ; comme si, les informations qui nous parviennent concernaient une autre société que celle que nous retrouvons le soir à la maison, une fois la porte fermée !

De quelle liberté d’expression peut-on parler, quand tout un peuple est privé d’une formation qualifiante dans sa langue quotidienne, sa langue parentale ? Le résultat est doublement catastrophique :

Tous les métiers traditionnels et tout le vocabulaire qui les décrit se perdent au lieu de se moderniser! Et vive la course à l’argent facile, le désintérêt de nos jeunes aux métiers dits manuels et l’appauvrissement linguistique généralisé.

De quelle liberté d’expression peut-on parler à un peuple privé du discours présidentiel dans la langue de tous les jours ? Il ne peut que se sentir étranger dans son pays et se désintéresser d’un destin collectif qu’on n’arrête pas de détruire par le sommet!

Sans perdre de vu les objectifs de lutte et de solidarité avec toutes les personnes agressées par une dictature à mille visages,

Sans omettre de rendre un vibrant hommage aux défenseurs de la pluralité et de la liberté d’expression, victimes de l’ogre terroriste d’obédience islamiste ou autres,

Sans oublier de crier leur disponibilité pour défendre tous les opprimés de la terre,

A Bgayet un grand cri d’indignation à fusé des poitrines habituées à dire tout haut les gémissements de la société.

A Bgayet, c’est cette lancinante problématique linguistique qui domine les débats en ce 3 mai 2015 journée mondiale de la liberté d’expression !

Sans la reconquête de ce premier espace de liberté linguistique, il est illusoire de croire à une avancée qualitative de la société dans sa globalité ! Matoub, Le poète qui disait « sans ta mazight pas d’Algérie » n’avait pas tort ! On ne peut construire durablement une union sur une supercherie !

Mhamed HASSANI

Poète et dramaturge

Liberté d'expression dites-vous?
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de la tombe Lehsen au livre Bahbouh

10 Mars 2015 , Rédigé par Hassani Mhamed Publié dans #articles parus dans le quotidien La Cité

De la tombe Lehsen au livre Bahbouh

 

Je reviens d’Alger[i], un peu plus vide ou un peu plus plein. Je ne saisis pas encore le changement qui se prépare en moi, ni la portée d’une sagesse ancestrale prise au cou par des charlatans modernes. Comme quelqu’un qui revient d’une visite votive sans offrande que ce temps consacré à un aller-retour dans un cimetière vide. Un tir à blanc ? Je ne sais pas.

 


[i] Où j’ai assisté à la veillée du quarantième jour du décès de Lehsen Bahbouh,  militant et AUTEUR d’une grammaire, d’un dictionnaire et de nombreux textes littéraires a mazighs décédé le 25 JANVIER 2015

       Dans l’autocar, je lisais un roman offert par mon ami Hocine Cheradi[ii]. Un roman qui avait un titre curieux, d’un auteur algérien[iii], un Chawi qui se raconte dans une langue française hautement maitrisée. Curiosité. La même, surement, qui a attiré mon ami féru de parler chawi. Je me suis plongé dedans et ce n’est qu’au chapitre VI, quand l’histoire commençait à prendre racine dans l’ingrate terre Chaouia sous la colonisation, que je me suis endormi. C’est l’histoire d’un jeune Chawi qui reviens de la deuxième guerre mondiale, enrichie par ce qu’il a vu : des hommes se soulever pour libérer leur pays, il a été à l’école de la résistance française et ce combat pour la liberté de l’homme l’a transformé et préparé pour la libération de son pays.

       Je me suis endormi sur l’image de cet Africain, comme le personnage auteur s’identifie, qui s’entête à s’installer sur sa terre ancestrale ingrate alors qu’il pourrait rejoindre les zones civilisées où il mènerait une vie plus facile. Non, il voulait vivre chez lui, dans ce lopin de terre rocailleuse ! Ce sentiment d’avoir un chez soi, d’être roi chez soi comme disait mon père, paix à son âme, « Ramène moi dans mon chez moi, même si ton chez toi est plus confortable je préfère mon chez moi où je ne doute pas de mon autorité ! Là où les éléments m’obéissent parce que je connais le rôle de chacun ! »

 

de la tombe Lehsen au livre Bahbouhde la tombe Lehsen au livre Bahbouh
de la tombe Lehsen au livre Bahbouh

Je reviens d’Alger, je n’ai pas vu Lehsen, j’étais surpris comme un enfant qui croyait que c’était un jeu de cache-cache. Mais j’ai vu ceux qu’il a laissés autour de lui. Des combattants fatigués, mais toujours à l’avant et souriants, des combattants avec un passé encombrant pour le présent qui les supporte mal et un avenir en queue de poisson. Des jeunes dont ses deux enfants, aux prénoms hautement symboliques, mais cela suffira-t-il pour subjuguer l’avenir ? Des jeunes, éblouis par le passé de leur père, qui n’ont jamais eu la prétention de l’imiter et qui se découvrent, un triste matin, une responsabilité pour l’avenir sans y être sérieusement préparé !

Retour d’Alger où j’ai laissé de jeunes hommes découvrir que leur père n’est pas une tombe, mais un livre ouvert sur l’avenir

.

Retour d’Alger. Je viens de confirmer que Lehsen Bahbouh est bien parti et enterré, mais, pas du tout oublié, pas du tout triste, mais, plus présent que jamais parce qu’il n’encombre plus les couloirs des urgences et des institutions, ni les salles de conférences. Il n’encombre rien. Après qu’on lui eût tout interdit, il cède tous les espaces officiels et sauvages pour mieux s’imprégner à l’air de son pays où il peut désormais circuler librement. Il est omniprésent dans les réseaux sociaux où il continue à partager ses réponses proverbiales, ses excès verbaux et sa générosité légendaire destinée aux gens du peuple où il a su recueillir la sève de l’arbre linguistique. Les laboratoires ont voulu des cobayes pour contrôler tamazight, ils n’avaient que faire des hommes libres qui veulent une langue de libération. Il habite désormais les ordinateurs, la toile en long en large et en profondeur, la toile et les cieux. Sa parole s’est libérée des contingences matérielles. Elle appartient aux hommes libres qui ne peuvent être formatés par des écoles qui préparent à la soumission par la promotion et la corruption.

Il s’est consumé dans ses derniers propos, il en a laissé pour chacun, pour tous ses amis virtuels, faux ou vrais, il s’en fichait, il distribuait sa parole à qui veut la lire, même à ceux qui ne l’aiment pas, qui se cachent derrière un académisme béat, pour ne pas entendre les rumeurs du peuple qui parle ta mazight depuis la nuit des temps ! Un académisme qui asphyxie au lieu de libérer, qui atrophie l’espace linguistique amazigh au lieu d’abolir les frontières et de regrouper les enfants de ta mazgha !

Dommage que ta mazight soit prisonnière de ses enfants qui la barricade alors qu’elle a toujours été libre ! Dommage qu’elle fasse les frais d’un choix d’alphabet alors qu’elle en a un bien né. Dommage que les diplômes servent à l’opprimer et à la tenir loin de ses locuteurs. Dommage, parce qu’elle commence à dépérir par manque d’oxygène ! Ce n’est pas dans un laboratoire qu’on cultive une langue, mais, bien en plein air, dans la vie quotidienne !

De retour d’Alger, réveillé de mon sommeil par un coup de frein impromptu.

J’ai laissé un autre ami extrêmement seul, un autre combattant que le temps malmène comme le défunt. Ils se sont battus pour ta mazight mais le temps n’arrive pas à les recycler comme les autres militants qui ont émergé après l’épisode des poseurs de bombes ! Oui, tous ont été recyclés, mais, eux, on ne cite leurs noms que pour mieux les oublier.

Pourquoi n’arrive-t-on pas à digérer cette période de notre histoire contemporaine, à en tirer les leçons, toutes les leçons ? Que représente-t-elle ?

J’avais tenté une sortie en 1991 dans une revue associative en avançant qu’il s’agissait peut-être d’un débat d’école à ne pas occulter, des pistes de réflexion qui mériteraient approfondissement ?

Et puis ta mazight a toujours vécu en dehors des labos et a survécu à toutes les tentatives d’encagement!

Machinalement, j’ouvre mon Messenger pour lire le dernier message de Lehsen Bahbouh :

Xiprree iweli !

Mieux qu’hier

Oui, aujourd’hui doit être toujours mieux qu’hier, restons sur cette logique.

Mhamed Hassani

Poète et dramaturge

[i] Où j’ai assisté à la veillée du quarantième jour du décès de Lehsen Bahbouh, militant et AUTEUR d’une grammaire, d’un dictionnaire et de nombreux textes littéraires a mazighs décédé le 25 JANVIER 2015

[ii] Militant compagnon de Bahbouh, Haroune Medjeber et d’autres… et chercheur indépendant, auteur de deux ouvrages sur la modernisation et l’intégration de ta mazight dans son environnement.

[iii] « T’Fouda, Terre Africaine» de Boubaker ABDESSAMED (1975)

avant dernière fois qu'on a rendu visite Hocine Cheradi et Moi à Lehsen . la dernière fois c'était la veille de son départ, dans la salle des urgences.avant dernière fois qu'on a rendu visite Hocine Cheradi et Moi à Lehsen . la dernière fois c'était la veille de son départ, dans la salle des urgences.

avant dernière fois qu'on a rendu visite Hocine Cheradi et Moi à Lehsen . la dernière fois c'était la veille de son départ, dans la salle des urgences.

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entretien avec Jibril Daho, l'auteur de "Taos ou l'extraordinaire destin d'une juive kabyle"

17 Février 2015 , Rédigé par Hassani Mhamed Publié dans #articles parus dans le quotidien La Cité

Il donne l’impression de débarquer d’une autre planète avec sa haute et sombre silhouette qu’un chapeau noir sépare du ciel.Il donne l’impression de débarquer d’une autre planète avec sa haute et sombre silhouette qu’un chapeau noir sépare du ciel.Il donne l’impression de débarquer d’une autre planète avec sa haute et sombre silhouette qu’un chapeau noir sépare du ciel.
Il donne l’impression de débarquer d’une autre planète avec sa haute et sombre silhouette qu’un chapeau noir sépare du ciel.

Il donne l’impression de débarquer d’une autre planète avec sa haute et sombre silhouette qu’un chapeau noir sépare du ciel.

                                              A propos de Jibril Daho auteur de « Taos… »

Il donne l’impression de débarquer d’une autre planète avec sa haute et sombre silhouette qu’un chapeau noir sépare du ciel. Quand il fixe les yeux sur vous, la bouche entrouverte ou les lèvres aplaties, à mi-chemin du sourire, son regard scintille dans l’attente de ce qui viendra en favoriser l’éclosion ou l’extinction. J’ai appris à le connaitre. Je me méfie de ses silences, tout en les respectant, j’encourage son désir de parler en hochant ma tête. J’oppose mon silence à son verbe pour éviter son repli, hérisson qui protège la fragilité de ses sens. Oui, Jibril a sa sensibilité au bout du nez, du regard et du verbe. Laissez-le s’épanouir, en fleur, il vous donnera ce qu’il a de meilleur, un miel rare, qui ne se transforme jamais en fiel, il préfère s’en aller reprendre son envol de l’autre côté de la montagne, où il ira s’émerveiller dans les classiques des siècles et le tumulte de l’histoire des humains qui le passionnent plus que tout. Les grands noms de la littérature universelle ne l’intimident guère, il en a fait ses interlocuteurs permanents. Brasser l’histoire des hommes pour retrouver le chemin de l’Homme. Ne pas tomber dans les mesquineries de l’hypocrisie quotidienne qui se contente d’une survie sans saveur ni valeur. Un fugitif comme j’en ai rarement rencontré dans ces contrées

Quand il vous parle, les villes défilent au rythme d’une vie fougueuse. Liant le geste à la parole, ses descriptions vous font voyager dans le temps et l’espace, puis vous découvrez l’agilité de ses mains qui happent la forme imaginaire en vous la retraçant devant vos yeux éblouis. La magie du conteur et la dextérité du magicien sont à l’œuvre. Laissez-vous gagner à ce noble rêve d’une humanité épanouie sans barrières physiques ou raciales. L’écrivain Jibril Daho vous accueille dans son royaume terrestre un peu ravagé par des agressions répétitives et toujours en voie de guérison.

Mhamed Hassani

 

 

Jibril Daho est venu tard à l’écriture. “ Taos ou l’extraordinaire destin d’une Juive kabyle “ a été édité en 2014 par les éditions franco-berbères en France, c'est son premier roman.Jibril Daho est venu tard à l’écriture. “ Taos ou l’extraordinaire destin d’une Juive kabyle “ a été édité en 2014 par les éditions franco-berbères en France, c'est son premier roman.

Jibril Daho est venu tard à l’écriture. “ Taos ou l’extraordinaire destin d’une Juive kabyle “ a été édité en 2014 par les éditions franco-berbères en France, c'est son premier roman.

Avant-propos.

Jibril Daho est venu tard à l’écriture. “ Taos ou l’extraordinaire destin d’une Juive kabyle “ a été édité en 2014 par les éditions franco-berbères en France, c'est son premier roman. Mais il ne compte pas s’arrêter là, dit-il enjoué. D’ailleurs, la suite de «Taos» est déjà en chantier.  Selon lui, il y a tellement de sujets intéressants qui mériteraient qu’on en parle, surtout dans un pays aussi paradoxal que le nôtre. En dépit des bibliothèques qui existent presque dans chaque commune, il déplore que notre jeunesse n’ait pas de propension pour la lecture, aussi bien en arabe que dans une autre langue.  Aujourd’hui, paisible retraité, c’est dans ses montagnes, à l’est de Bejaïa, que vit paisiblement Jibril Daho, loin des turpitudes des  grandes villes qu’il ne regrette pas d’avoir quittées.

 

Entretien :

1) l'histoire de Taos, est-elle véridique ou imaginée ?

 En effet, l’histoire que je raconte dans mon roman « Taos ou l’extraordinaire destin d’une Juive kabyle » est plausible, bien qu’elle soit singulière. Mon roman véhicule un message de paix et de tolérance entre les hommes. Les premiers Juifs sont arrivés dans notre région qu’on appelait « Numidie », cinq siècles avant l’avènement du Christianisme. C’est dire que leur présence est millénaire. Du côté de Tipaza et de Sour El Ghozlane, on a découvert des vestiges de synagogues datant du IIIe et IVe siècle de l’ère chrétienne.  Avant l’avènement du Christianisme et de l’Islam,  la première religion monothéiste des Berbères fut bel et bien le Judaïsme. Des tribus berbères entières s’étaient converties au Judaïsme. Donc, le brassage interethnique et interconfessionnel a eu largement le temps de se faire. Sur les 130 000 Juifs qui avaient quitté l’Algérie en 1962, 30 à 40 000 n’étaient venus ni d’Espagne, ni de Tataouine Les Bains, ils étaient tout simplement d’origine berbère.

 Pour revenir à votre question, oui un mariage d’un musulman avec une Juive était réellement vraisemblable, notamment dans les milieux artistiques de n’importe quelle contrée d’Algérie,  les troubadours musulmans n’avaient aucune gêne à épouser une sociétaire juive de leur troupe. Chez les Hébreux, la Judaïté se transmet par filiation de la mère et non du père. Les enfants d’un Juif et d’une musulmane ne sont pas reconnus Juifs, mais ceux d’une Juive et d’un musulman sont Juifs à part entière.  

 

2) comment t'es venu l'idée d'écrire ce roman?

 L’idée m’est venue d’écrire ce roman, suite à un article paru dans le quotidien « El Khabar » du 28 mars 2008. Un Imam juif qui dirigeait la prière dans une mosquée d’Alger. Dans l’article, on parlait d’infiltration, d’agent du mossad, etc. L’idéologie nihiliste qui consiste à nier l’existence des Juifs algériens de souche est tout simplement stupide. Les Juifs algériens sont aussi patriotes et aiment leur pays autant que leurs compatriotes musulmans et chrétiens.

Je suis révolté qu’au 21e siècle ils continuent à se comporter en Marranes comme s’ils étaient atteints de maladie honteuse. Le Marranisme est apparu en Espagne après la deuxième reconquista. Sous le règne du roi Ferdinand et d’Isabelle la catholique, on avait contraint les Juifs qui voulaient rester en Espagne, de se convertir au Christianisme. Ce qu’ils firent, mais en secret,   ils continuaient à pratiquer le culte juif. C’est exactement ce qui se passe en Algérie aujourd’hui, les Juifs ont une apparence musulmane.  C’est ce que j’ai décrit à travers les personnages fictifs de mon roman. Taos, la juive kabyle, petite fille d’une Juive mozabite mariée à un mozabite ibadite, vivait en Kabylie avec l’apparence d’une musulmane. Taos décéda par arrêt cardiaque en apprenant l’arrestation de son imam de fils lors des émeutes d’octobre 1988.  Ne partageant pas l’idéologie de l’Islamisme armé qui ensanglantait la terre d’Algérie dans la dernière décennie du siècle dernier,  l’imam, n’ayant aucune attache en Algérie,  s’exila en France en 1992.

Je trouve dommage qu’en Algérie, terre généreuse, peuple diversifié, on ne tolère pas que l’autre puisse pratiquer librement son culte et pourtant nos parents juraient par « JmaâLimane » : au nom de toutes les croyances.

 3) Revenons à l’édition de votre roman, avez-vous eu des échos de votre lectorat ?

Mon roman a été édité en France en avril  2014, il a eu un écho favorable parmi les lecteurs de toute confession, hamdoullah, chaque jour je reçois du monde entier, des messages d’encouragement. C’est mon premier roman, je suis un inconnu du monde littéraire, mais je suis tout de même satisfait. Depuis avril 2014 à ce  jour, il a parcouru un long chemin.  Il est vendu en France, Belgique, Italie, Maroc et Canada et, la cerise sur le gâteau, il est nominé à un prix 2015 (résultat en mai), mais, à ce propos,  je préfère ne rien dire de plus pour l’instant.  Un deuxième roman, la suite de Taos, sera chez mon éditeur français avant l’été In Challah. Pour l'Algérie, l'édition n'a pas encore eu lieu, mais n'empêche, des personnes intéressées l'ont commandé en France.

4) Ces derniers jours, le décès de deux grands noms, l’un de la littérature de langue française (l’académicienne  Assia Djebar)  et l’autre du cinéma (Roger Hanin) ont fait couler beaucoup d’encre en Algérie, ce pays où ils ont tenu à être enterrés, chacun auprès de sa famille. Pouvez-vous nous en dire un mot ?

 Le décès de l’écrivaine et romancière algérienne Assia Djebar m’a profondément attristé. La géante de la littérature algérienne honorait l’Algérie par sa présence à l’Académie française. Sa disparition est une perte pour les femmes parce qu’elle était une infatigable féministe.  Une perte pour les Algériens qui voyaient en elle leur digne représentante à l’étranger. Une perte pour la langue française, et, enfin, une grande perte pour la littérature algérienne d’expression française.

 L’acteur  français Roger Hanin, natif de la Basse Casbah, était un grand ami de l’Algérie qu’il n’avait jamais cessée d’aimer  en dépit des incompréhensions et des soubresauts de l’histoire douloureuse.  Avant lui, son père, communiste, avait milité  pour l’indépendance de l’Algérie. Le fait que Roger Hanin fût de confession juive,  ne diminuait en rien son amour pour son pays natal. Tout au long de sa vie, quand il s’énervait c’était en arabe,  à l’accent algérois, qu’il manifestait sa colère. Pourquoi cela ? lui avait dit un jour un de ses amis. « Je ne sais pas. Quand je m’énerve ce sont mes racines algéroises qui s’excitent en premier. C’est normal, chez nous les Algériens, le sang est chaud » avait répondu le géant du cinéma français.   Son enterrement en terre algérienne, aux cotés de son père,  au cimetière israélite de Bologhine,  est un grand symbole de tolérance qui honore notre pays en ces temps de violence et de rejet de l’altérité qui se développe crescendo  un peu partout dans le monde. 

  • Merci Daho pour ce sympathique moment d’échange avec les lecteurs du quotidien la Cité.
  • C’est à moi de vous remercier et je souhaite longue vie à votre journal « La   Cité »

 

Entretien réalisé par Mhamed Hassani

 

 

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Mes premiers pas avec Lehsen Bahbouh

9 Février 2015 , Rédigé par Hassani Mhamed Publié dans #articles parus dans le quotidien La Cité

Alors ce jour arrivera-t-il en Algérie où une institution scientifique, désintéressée de tout calcul politique, s’ouvrira pour regrouper et étudier tous les travaux de ses génies du peuple amazigh ?  Ce jour là, nous ne seront plus dans l’urgence mais bien dans le développement de Ta mazight

Alors ce jour arrivera-t-il en Algérie où une institution scientifique, désintéressée de tout calcul politique, s’ouvrira pour regrouper et étudier tous les travaux de ses génies du peuple amazigh ? Ce jour là, nous ne seront plus dans l’urgence mais bien dans le développement de Ta mazight

Mes premiers cours d’orthographe grammatical de Lehsen Bahbouh

deuxième partie et fin

Politiquement, l’année 89 démarrait avec des perspectives d’ouverture tous azimuts. Lessyndicats ouvraient des brèches et devenaient un véritable contrepoids dans les administrations et les entreprises. Des associations naissaient partout et j’allais partout sentir le pouls de la société battre ce renouveau salutaire. Sans me structurer dans aucune organisation, je contribuais à tout ce bouillon et ce brouillon qu’est notre devenir. Je repris quand même mon écriture de l’urgence avec tajerrumt en continuant à apprendre t irrigoemt.

Notre rencontre au premier festival Si Mouh ou Mhend à Larbaa Nait Iraten, durant l’été de la même année fut mémorable pour moi. Bahbouh voulait présenter une lecture critique des « isefra de Si Mouh ou Mhend » ! Quand j’ai lu la communication qu’il voulait donner j’en fus renversé ! Au moment où tout le monde chantait le plus grand des poètes lui le traitait d’analphabète ! J’ai eu du mal à le convaincre de présenter autre chose s’il ne voulait pas être lynché ! Il finit par donner une conférence sur sa grammaire qui passa très bien. Son nom commençait à être cité dans toutes les rencontres.

Ce premier festival de poésie amazigh nous permis vraiment de se rencontrer tous, de se connaitre et reconnaitre. Ce festival m’avait permis aussi de connaitre les plus grands noms des écrivains et poètes en tamazight et de les inviter au premier festival des « Poésiades » de Bgayet (Bejaia). Je citerais entre autres, Ait AmraneIdir, Hamane Abdellah, BenMohamed, Ghobrini et d’autres.

Durant ce séjour poétique à Larbaa Nait Iraten, il me raconta, entre autre, sa rencontre avec Mouloud Mammeri chez l’éditeur Bouchene où il corrigeait la dernière mouture de « InnayascixxMuhand U Lhusine ». « Mammeri tout étonné des explications que je lui fournissais sur t irrigoemt, me demanda : mais où as tu eu tout le temps de faire ces recherches sans que personne ne le sache monsieur Bahbouh ? Je lui répondis, mais en prison monsieur Mammeri. Il me promit de m’aider à éditer mes travaux et même de me préfacer ! ». Lehsen me montra même une carte postale de bonne année que Mouloud Mammeri lui a envoyée avant de partir au Maroc pour sa dernière conférence. Il lui conseillait d’aller voir l’éditeur public ENAG.

Durant ce festival, j’avais sur moi un petit recueil que je voulais publier sans trop savoir comment. Je lui proposais, en riant, de me le préfacer, en faisant allusion à la disparition inattendue de Mammeri qui l’a privé de son soutien. Je lui expliquais mon intention d’expérimenter toutes les transcriptions et de laisser le temps aux chercheurs et aux praticiens de débattre. C’est ainsi que je conçu mon « ahellil n tira » que je mis dans une plaquette de poésie intitulée « ARU ! ». J’y mis les transcriptions de Boulifa, Feraoun, Rahmani Slimane, Mouloud Mammeri et je clôturais par la dernière que je découvrais, en l’occurrence celle de Bahbouh Lehsen. Cet « ahellil » Tahar Djaout le présenta dans Algérie Actualité, comme une séance d’écriture. C’était au dernier trimestre 89.

Donc lorsque j’ai publié mon recueil de poésie «ARU ! » préfacé par Lehsen Bahbouh, j’étais tellement fièr de ce premier accouchement une année après octobre 88 que je me suis rendu, à la première association de tamazight de Bgayet pour leur proposer mon produit. Et là je compris que le parti unique avait fait des ravages dans la tête des Algériens. Quand on vit le nom de Bahbouh, on s’esclaffa et s’offusqua que ce Pehpouh figura au coté de Mammeri ! Je ne compris rien et me demandait où était l’insulte ? On alla jusqu’à me proposer de racheter les trois mille exemplaires que j’avais tiré pour en extraire les pages où figurait le nom de Bahbouh ! On me montra un tas de cendre et on m’expliqua que c’était les brochures de Bahbouh qu’ils venaient de bruler. Cela se passait au lendemain d’octobre 88, quand tous les espoirs étaient permis. Bahbouh a continué à défendre contre vent et marée, sa vision sans rien bruler. C’est d’ailleurs pour cela qu’il s’est surnommé « le Galilée de ta mazight ».

Devant une telle levée de bouclier, je ne pouvais me résigner d’autant plus qu’on venait juste de libérer la parole. Il fallait instaurer le débat, dépasser ces divergences sans complexe.

Je me mis à étudier davantage « t irrigoemt ». Lehsen venait d’Alger, il passait la nuit chez moi, on ne dormait pas.Il m’apprenait ta mazipt. Au petit matin, il reprenait le bus pour retourner à Alger.

Puis, il m’expliqua que personne ne voulait imprimer son livre, dans tout Alger ! Même en France il s’est fait escroquer…par un Algérien !

Devant ce blocage, je pris l’initiative d’investir une association communale, avec des copains, que nous avons refondée au nom de l’illustre Rahmani Slimane. C’est dans ce cadre associatif que nous avons édité « t irrigoemt» la nouvelle orthographe grammaticale de ta mazipt par Lehsen Bahbouh.

La publication de l’ouvrage de Lehsen Bahbouh provoqua une levée de bouclier insoupçonnée. On entendit et lu toutes sortes d’inepties. On l’accusa de tous les maux, de la trahison à la division, comme d’ailleurs Haroun et Cheradi qui eux aussi avaient des propositions différentes en matière de transcription.

Et là !de conférence en conférence, la méthode Bahbouh commençait à se populariser sans quelle soit appliquée sur le terrain vue l’influence politique des élèves de feu Mammeri qui utilisèrent son nom comme bouclier à toute autre proposition. Néanmoins, sur le terrain pratique, des transcriptions intermédiaires voyaient le jour. Je pensais que cette profusion était un signe de santé et qu’il fallait encourager cette réappropriation de la langue sans trop tenir compte des systèmes utilisés. Les associations, surtout, répondaient à l’urgence des revendications dans la langue locale sans se compliquer la vie. Rédiger une déclaration dans la transcription de Rahmani Slimane ou Feraoun rapprochait les générations et faisait avancer les revendications socio-économiques. En un mot, utiliser la langue du peuple pour revendiquer c’était avancer à grand pas vers l’officialisation de tamazight par en bas ! Et pendant ce temps, que ceux qui écrivent, perfectionnent leur écriture progressivement pour surement aboutir un jour à une conformité sans rupture.

Mais les temps durs ne laissèrent pas les fils se démêler comme on l’espérait.

Aussi, grâce à l’association Rahmani Slimane d’Aokas, le livre de grammaire de Lehsen Bahbouh a vu le jour ! Ce qui a rendu publique un débat étouffé. La levée de bouclier ne s’est pas fait attendre. Dès sa première intervention dans la presse, il se fit traiter de tous les noms d’oiseaux ! on ira jusqu’à dire qu’il travaillait pour les services, qu’on lui a fait un lavage de cerveau en prison pour détester Mammeri... lui le maigrichon père de deux enfants, vivant chez ses beaux parents et obligé de faire un petit boulot après sa retraite, pour arrondir ses fins de mois !

Depuis ce n’est qu’une descente vers les bas-fonds de tamazight.

Avec la création du HCA, Bahbouh pensait qu’on allait au moins lui éditer ses ouvrages. Rien ! Mais de quel droit X ou Y pouvait refuser d’éditer les travaux d’un militant et chercheur de la première heure, décider ce qui est bon ou mauvais à la place de tous les amazighs ?

Il y avait bien, et il y a toujours, une course pourle contrôle de tamazight et non pourle développement de tamazight !

Une fois, dans un colloque international sur la langue tamazight (à Ghardaia), où les organisateurs avaient posé comme postulat que « seuls les universitaires avaient droit à la parole » Lehsen Bahbouh a quand même pu arracher cinq minutes de communication grâce à la gentillesse de madame Malika Ahmed Zaid. Malgré les railleries des universitaires locaux, les invités étrangers trouvaient fort intéressantes ses propositions. J’ai questionné un éminent linguiste italien présent, sur les missions de l’académie de la langue italienne ; il me répondit que l’académie était tenue de recueillir tout ce qui se produisait en italien quel qu’en soit l’auteur du texte, d’en étudier la teneur et de se prononcer sur la valeur. L’auteur du texte était rémunéré suivant le nombre de pages au dépôt de son ouvrage. Ce n’était pas aussi compliqué !

Alors ce jour arrivera-t-il en Algérie où une institution scientifique, désintéressée de tout calcul politique, s’ouvrira pour regrouper et étudier tous les travaux de ses génies du peuple amazigh ?

Ce jour là, nous ne seront plus dans l’urgence mais bien dans le développement de Ta mazight.

Mhamed Hassani

Poète et dramaturge

Mes premiers pas avec Lehsen Bahbouh
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mes premiers pas avec Lehsen Bahbouh

9 Février 2015 , Rédigé par Hassani Mhamed Publié dans #articles parus dans le quotidien La Cité

Monsieur Bahbouh Lehsen, grand militant et chercheur autodidacte de la langue ta mazight est l'auteur de la  grammaire "t irrigoemt", d'un dictionnaire et de nombreux textes littéraires où il met en pratique ses règles de grammaire et d'orthographe ta mazight. il est décédé le 25 janvier 2015 à Alger.
Monsieur Bahbouh Lehsen, grand militant et chercheur autodidacte de la langue ta mazight est l'auteur de la  grammaire "t irrigoemt", d'un dictionnaire et de nombreux textes littéraires où il met en pratique ses règles de grammaire et d'orthographe ta mazight. il est décédé le 25 janvier 2015 à Alger.

Monsieur Bahbouh Lehsen, grand militant et chercheur autodidacte de la langue ta mazight est l'auteur de la grammaire "t irrigoemt", d'un dictionnaire et de nombreux textes littéraires où il met en pratique ses règles de grammaire et d'orthographe ta mazight. il est décédé le 25 janvier 2015 à Alger.

(?)Sahki Hacène, Lehsen Bahbouh, Medjeber Smail,( ?), Cheradi Hocine et Mhamed Hassani (de gauche à droite) lors d'un atelier sur l'écriture de tamazight en marge des POESIADES de Bejaia (199?)

(?)Sahki Hacène, Lehsen Bahbouh, Medjeber Smail,( ?), Cheradi Hocine et Mhamed Hassani (de gauche à droite) lors d'un atelier sur l'écriture de tamazight en marge des POESIADES de Bejaia (199?)

" Il y avait bien, et il y a toujours, une course pour le contrôle de tamazight et non pour le développement de tamazight !"

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Mes premiers cours d’orthographe grammatical de Lehsen Bahbouh

première partie

Lehsen enterré ? Mais il n’y a rien à enterrer de lui, il a tout couché sur papier. Le petit amas d’os qui reste peut tenir dans un creux de main. Pourquoi alors tout ce monde ? C’est son esprit qui est lourd mon fils, c’est l’étendu de ses rêves qui nous mobilise, c’est la ténacité de son verbe qui résonne en nous, mon fils.

Mais on l’a déjà délesté de ses kilos de papier à sa sortie de prison ! Il a régénéré, mon fils, il est de la race des guerriers de l’esprit qui ne meurent jamais.

Et aujourd’hui, qu’adviendra-t-il de ses kilos de papier ? Seront-ils brûlés pour que l’hiver soit moins froid pour ceux qui ont horreur que la lumière les débusque derrière leurs lunettes fumées ?

Maintenant, le temps des urgences culturelles est passé, nous ne sommes plus pressés, nous allons reconstituer pas à pas le chemin tracé.

J’ai pris la fuite d’Alger ! Oui fuir, fuir le cauchemar algérois ! Je priais mon ami Cheradi Hocine, cet autre rescapé dont il faudra presser la mémoire avant l’instant fatidique, de me déposer à la gare. On essaya de me retenir pour la veillé, on m’invita à revenir pour le troisième jour... je ne voulais rien savoir. Je voulais fuir Alger.

Depuis l’affreuse nouvelle, même attendue, elle nous a assommés, nous n’arrêtions pas d’être désagréable l’un envers l’autre, pour cacher notre désarroi. Hocine hargneux comme jamais et moi détestable à souhait. Une culpabilité sans fondement ou une révolte réprimée nous empêchait d’accepter cette dure fatalité. Fuir, J’avais soif d’air pur, de mer agitée, de montagnes silencieuses... soif de retrouver Lehsen dans sa splendeur orthographique. Je tournais le dos à un monde qui me rappelait, dans chaque parole, chaque geste, chaque murmure, qu’un homme vient d’être arraché à la vie comme on arrache un arbre, laissant béante une terre fraîchement remuée. Qui de l’arbre ou de la terre souffre le plus ?

Dans le bus qui me ramenait vers Bgayet, je me remémorais les différents moments passés avec Lehsen. Je me rends compte que même le dictionnaire perso de l’androïde a enregistré ce nom propre. Je n'ai qu'à taper les trois premières lettres et le nom de mon ami s'affiche. Donc son image, son visage traverse les différentes périodes de nos rencontres toujours provoquées par un événement où ta mazight est le sujet central.

Première rencontre début1989.

J'ai entendu parler d'une conférence sur la grammaire et l'orthographe de tamazight organisée à l'université de Bgayet. Moi qui vivais mes premières expériences avec le lectorat kabyle à travers une exposition de mes poèmes, organisée par la fameuse association culturelle Soummam, disparue il est vrai depuis. Une association dont il serait intéressant de faire le bilan moral et culturel avant sa disparition après plusieurs numéros d’un festival qui a vu défiler des essaims de poètes entre anciens et nouveaux, dans les trois langues qui cohabitent dans une Algérie libérée, momentanément, de ses dictateurs, juste après l'ouverture d’octobre 1988 pour être livrée ensuite sans remord à tous les démons.

Ma première expérience publique de la pratique de l’écrit amazigh avec l’utilisation de tajerroumt léguée par feu Mouloud Mammeri, me confronta directement aux problèmes de transcription et de communication entre les différents locuteurs de notre langue ancestrale. J’ai vite déchanté. L’utilisation de tajerroumt depuis 1980 dans la clandestinité ne m’aide en rien au soleil. Ce n’était qu’une réponse d’urgence à une situation d’urgence comme le disait feu Mammeri. Devant ce refroidissement, je décidais de ranger mes manuscrits et de m’occuper à d’autres urgences professionnelles et sociétales telle que le syndicalisme et le mouvement associatif en pleine éclosion. Contribuer à ces nouvelles naissances plutôt que de gribouiller des poèmes illisibles d’autant plus que je n’étais pas porté sur la déclamation. Et puis je me disais, qu’il doit bien y avoir des spécialistes pour nous sortir de là, à moins d’un handicap congénital de la langue amazighe.

Puis, courant le premier trimestre 89, il y a eu l'annonce de la conférence de ce professeur que je ne connaissais pas. Je pris mon recueil de poésie dactylographié "ili" que j'appelais toujours "ghezifet aawaz yebdan s targit " (longue est la veillée qui commence par un rêve), titre que je lui avais donné à son édition clandestine (dactylographiée et tirée au stencil) en 1981.

Le recueil en main, je me rendis à la conférence dans l'intention de faire une dictée à ce monsieur.

Dans l’auditorium, le public estudiantin et externe était nombreux. Une université populaire pour tamazight, le rêve était-il en train de se réaliser ?

Le professeur Lehsen Bahbouh, maigrichon mais digne, un véritable point d’exclamation, déposa son gros cartable sur le bureau, en retira une brochure et sollicita notre attention.

J’étais tout ouïe et tout regard ; puisse cet exclamation faite homme me convaincre de l’existence de règles d'orthographe qui s'appliquent à cette langue que je m'apprêtais à remettre aux oubliettes. Comme en rêve, Je vis des pluriels réguliers, des verbes se classer en groupe et se conjuguer avec des formes régulières. Je vis les accents régionaux se dissoudre dans une orthographe unificatrice ; je vis les négations régionales prendre leur place dans les nuances de la langue. A aucun moment je n'ai entendu le professeur exclure une forme où une région tout en utilisant les mêmes règles, la même orthographe. Je vis naître sous mes yeux la notion de liaisons qui déformait nos mots mouvementés dans la phrase, je vis les différents temps de conjugaison se mettre en place sans que le professeur ne sorte des exemples de nos parlers au quotidien. J'étais emporté. Il restait un dernier test à mon cher prof. Comme du temps de mes classes, il me fallait bien mettre mon prof en difficulté. Aussi je me levais et demandais à monsieur Bahbouh, si je pouvais lui dicter un texte. Il me répondit, le regard brillant, ayant constaté que la salle lui était acquise : allons y, parlez et moi j'écrirais. Tout excité, convaincu de vivre un moment historique, je m'exécutais en gardant exprès mes accents du Sahel pour tromper sa vigilance.

Il écrivit le texte, qui n'était autre que l'ouverture de mon recueil « ILI ! » réédité en 2011, et je restais admiratif devant ce génie sorti de je ne sais quelle université. Je me retournais vers mon compagnon, en lui disant : tu sais je suis convaincu de sa méthode.

Je répétais la même chose à Monsieur Lehsen Bahbouh que je n’osais pas encore tutoyer. Il me remit des brochures et sa carte de visite qui portait le titre d’ « orthographiste » et l’adresse de son association-académie « langue et culture » (ilesee d idlesee).

Je rentrais chez moi surexcité. Ma femme me demanda ce qui se passait.Et moi je répétais : ça y est, nous avons une grammaire et une orthographe pour ta mazight. A partir d'aujourd'hui je reprends l'écriture...

Elle était un peu déçue de cette résolution dont elle ne voyait pas la portée.

Et je me mis à mes exercices. J’appelais quotidiennement mon maître pour des explications. Je profitais lors de mes missions à Alger pour lui rendre visite à l’entreprise où il travaillait.J’avançais vraiment bien dans cette nouvelle voie ; je me remettais à l’écriture ou je reprenais d’anciens textes que je soumettais aux règles de t irrigoemt, la nouvelle orthographe grammaticale de Lehsen Bahbouh. Jusqu’ici je ne connaissais rien de son passé ni de son parcours. Il était le professeur.

Mhamed Hassani

Poète et dramaturge

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Zohra Bouslah l'artiste potière

29 Janvier 2015 , Rédigé par Hassani Mhamed Publié dans #articles parus dans le quotidien La Cité, #artisanat d'art

Zohra Bouslah l'artiste potière
Zohra Bouslah l'artiste potière
Zohra Bouslah l'artiste potière
Zohra Bouslah l'artiste potière

Zohra, l’artiste potière.

Je ne sais pourquoi, tout au long de l’entretien, j’ai pensé à Omar Khayyâm, cet « astronome persan qui ne croyait pas au ciel » qui nous légua ses robaiaate qui traversèrent les siècles en se modernisant davantage à chaque relecture. Ce poète du vin et du rien, qui nous dit que Dieu est une hypothèse nullement avérée et que ceux qui prétendent agir en son nom et imposer sa loi, s’apparentent à de sinistres imposteurs !

Vieillesse, mort, retour à la poussière tel est le cheminement de chacun qu’il fut roi ou prophète. Leur poussière se mêlera à celle des gueux sous les doigts du potier qui prépare l’argile des amphores des vases des cruches… qui se rempliront de jus de raisin au grand plaisir de nos palais.

J’allais du visage rayonnant de Zohra aux formes argileuses qui nous cernaient dans ce petit atelier qui fait son bonheur. Je voyais les formes prendre visage, et c’est tout le village qui se réveille pour témoigner d’une histoire non élucidée non contée mais enterrée par le temps et l’ignorance des nouveaux habitants. N’est ce pas si Moh ou Mhand qui disait que « ce pays allait changer d’habitants! ». Zohra se sentait des fois prise au piège de son humanité qui se laisse envahir par tous ces appels à la vie sortis de l’argile au contact de ses doigts. Je fixais son visage, incapable de m’en détacher, à l’affut de ses émotions qui se bousculaient à chaque orifice de son corps rebelle à la lassitude et à la société qui lui prédisait un autre destin. Dans ses yeux humides, son regard timide scintillait, décidé à aller jusqu’au bout de son expression.

Se fatiguer pour rien, ce rien « kheyyamique » qui envahi la jeune fille. Elle a compris que le rien meuble la terre et qu’elle peut en faire quelque chose ou quelqu’un. Oui retrouver ce quelque chose dans le rien de l’argile lui redonner sa forme et vie pour meubler le regard des autres.

Quand ses doigts malaxent l’argile, c’est tout son corps qui participe à cette danse muette avec ce partenaire qu’elle cherche dans l’obscurité de la mort pour le ramener à la lumière de la vie. Danse intense du bout des doigts, comme une ballerine sur la pointe des pieds parcoure la scène sous le regard éblouit d’une multitude de spectateurs, qui guette son envol d’un instant à l’autre, le souffle retenu, avant de s’abattre, brisée au milieu des applaudissements hystériques de la foule matée. Mais pour Zohra, la foule était dans la poussière faite argile et le cri sortait d’entre ses doigts avant de prendre forme sur l’étagère.

Je vous livre à chaud ces brides d’expression comme les morceaux d’une cruche brisée que vous tenterez surement de recoller pour redessiner l’ivresse « kheyyamique » dans un geste nostalgique.

Mhamed Hassani

Entretien avec Zohra Bouslah, artiste potière d’Aokas:

Q : comment est né l’artiste en toi ?

R : quand j’étais toute jeune, j’aimais jouer avec les poteries qu’il y a dans la maison, c’était mes poupées, je leur parlais elles me répondaient. Puis y avait la femme de dadda Mestafa, lalla, qui faisait des merveilles. Je la suppliais un jour de me faire une double cruche, oui deux cruche adossées l’une à l’autre. Elle réalisa mon vœux, j’étais vraiment aux anges. Puis vint un jeune cousin de France, il la brisa ce qui me mit dans tous mes états, si je pouvais je l’aurais mordu ! Comment faire ? Je ne pouvais redemander à Lalla. Alors je pris de l’argile qui était là, y en a toujours un peu dans un coin en cas de besoin. Et commença l’aventure de la poterie pour moi. Je faisais des statuettes, mais on me l’interdit rapidement à cause de la religion m’expliqua t on. Donc je me mis à faire des vases, des cruches jusqu’à me retrouver en pleine maitrise de mon art. Ma première pièce qui m’a marquée, je l’ai réalisée vers l’âge de quinze ans. Et depuis je joue avec l’argile.

Q -avec l’argile ou avec de l’argile ?

R -avec l’argile et de l’argile

Q -donc c’est l’argile ton compagnon de jeux...

R -oui, c’est l’argile qui me tenait compagnie, qui me parlait, un véritable compagnon ! Il me parle et je lui réponds, ou le contraire il me pose des questions et je réponds, un véritable échange s’installe entre nous.

Q -tu parle d’un dialogue entre toi et l’argile, et qu’est ce vous vous racontez ?

R - ah là, ce n’est pas facile à rapporter ! Tu crois que c’est facile d’expliquer tout ça ?

Q - mais qu’est ce que vous vous dites ?

R -ah ne cherche pas trop ! Je te dis qu’on se parle, qu’on se pose des questions, c’est tout. Aussi bien l’argile que la pièce finie. C’est un dialogue continu. Un échange très personnel !

Q - et à la maison quelle est leur réaction ?

R -a la maison on me disait de rester tranquille, d’arrêter de malaxer cette argile, mon père me disait que tu te fatiguais pour rien, pour rien me répétait il !

Q -pour rien, et depuis quand ont-ils compris que ce n’était pas pour rien que tu malaxais cette argile ?

R - depuis...que j’ai eu mon local, ils ont changé de regard, on a arrêté de me dire que je me fatiguais pour rien alors que je vivais un intense bonheur quand je travaillais l’argile.

Q -quelle est la première pièce que tu as réalisée ?

R -la première, première ? C’est une « taqellalt n zit » (amphore à huile). Je ne sais comment je l’ai faite mais son image me reste en tête. Il me semble que je ne pourrais jamais en refaire une comme ça...

Q - Elle existe toujours ?

R -non, quelqu’un l’a prise, mais son image est toujours là, je ne sais pas pourquoi ! Avant, chaque fois que je réalisais quelque chose quelqu’un me le prenait, c’est avant que je ne commence à faire des expositions.

Q -ta première expo ?

R -c’est avec l’association des handicapés qui était présidé par Tahir Zahia. Elle venait chez moi, un jour elle m’a dit pourquoi tu ne montre pas tes poteries ? J’ai dis pourquoi pas ! Et c’est parti ! J’ai commencé à exposer avec les associations culturelles d’Aokas comme « Azday » « Rahmani slimane » etc... un jour, j’ai été invité au festival de la chanson amazighe à Bgayet, puis la direction du tourisme s’est intéressée à mes poteries, j’ai été invité à exposer à Annaba. Ensuite c’est la chambre de l’artisanat qui m’a découverte, elle m’a inclus dans son programme et enfin la direction de la culture aussi à saisi la dimension culturelle de mon travail. C’est ainsi que j’ai presque fait le tour du pays. Et je continue à tourner... la dernière est celle de Yennayer à Ait Aissa, mon village natal un retour sur les lieux de mes premier pas grace à l’association « tadukli ».

Q - tu as eu des distinctions ?

R - beaucoup d’encouragements, d’attestations mais peu d’argent !

Q -mais qu’est ce qui plait dans tes produits ?

R - d’abord c’est un travail fait main, sans l’intervention d’aucune machine, et puis c’est des pièces uniques, naturelles, sans artifice.

Q - ton argile d’où la ramènes-tu ?

R - pour le travail à la main, d’Ait Amrous. C’est moi qui le prépare, par contre pour le travail au tour, puisque maintenant j’en ai un (rire), j’en ramène de partout (tizi, biskra..) mais je garde toujours une réserve pour mon travail à la main, parce que je ne peux me passer de malaxer de l’argile... (Rire)

Q -maintenant on va parler des formes traditionnelles et nouvelles?

R -j’aime bien les formes traditionnelles, mais je me permets d’innover, d’introduire des formes nouvelles, c’est une nécessité.

Q -pas de conflit entre l’ancien et le nouveau ?

R -non, puisque c’est une nécessité, le nouveau est porté par l’ancien, il ne peut rien y avoir sans l’existence d’un avant pour qu’il y est un après. Il y a harmonie dans ce va et vient entre hier et aujourd’hui.

Q -donc c’est un peu comme à la maison, ils ont fini par accepter l’aspect moderne de la poterie qui n’est plus seulement utilitaire mais rempli une nouvelle fonction esthétique.

R -oui,

Q -donc maintenant tu arrives à te suffire, à vivre de la poterie ?

R -oui, mes produits sont très sollicités, juste que je manque d’équipement, je n’ai pas de four donc je suis obligé de céder mes poterie fait au tour à d’autres collègues qui les décorent aussi. Et puis beaucoup de potiers préfèrent changer de métier, ils préfèrent un poste de travail stable, la poterie est accessoire pour eux, elle ne garantie pas d’avenir sûr..

Q - Et la chambre de l’artisanat ?

R -Elle nous a débloqué un fond mais ce n’est pas suffisant, elle nous a loué ces locaux. C’est un début on espère que ça évoluera ! Ça lui arrive aussi d’acheter nos produits.

Q -maintenant revenons à tes entretiens avec tes pièces, tu peux en prendre une et commencer à m’expliquer comment tu dialogues ?

R -ah non, ce n’est pas évident d’expliquer ce genre de chose,

Q -ne m’explique pas, dialogue j’écouterai...

R -mais c’est comme si deux personnes parlaient et qu’une troisième venait écouter, c’est impolie !

Q -tu veux dire que je suis trop curieux !

R -quand je me mets à une nouvelle pièce, c’est mon état d’esprit et tout mon ressentie du moment que je fais passer dans l’œuvre. Si bien qu’après je me sens si légère et si apaisée que j’ai l’impression que la pièce m’a changé ou déchargé, si bien que je ne suis plus la même personne.

Q -c’est vrai, là je te vois épanouie du fait même que tu en parles, tu es radieuse, ça te transforme...

R -c’est normale, faire un métier avec autant d’amour transforme la personne en quelqu’un de meilleur, et l’argile est un compagnon que je pétrie avec amour et j’aime énormément les pièces qui en sortent. Nous sommes une famille moi l’argile et mes pièces ! C’est un amour sans fin qui se renouvelle à chaque fois qu’une argile me parle à travers mes doigts en mouvement. Je pense que c’est une sensation commune à tous les artistes.

Q - tes projets ?

R - agrandir mon atelier, sauvegarder la tradition et la développer, prendre des stagiaires pour les former.

Q -tu as fait une formation dans le domaine au CFPA, qu’est ce que cela t’as apporté de plus ?

R - oui, cela m’a apporté beaucoup notamment une meilleure connaissance de l’argile, sa composition...

Q -Et des échanges avec d’autres artistes ?

R -Oui durant les expositions, il y a beaucoup d’échange d’expérience. Et on pense à l’avenir organiser des ateliers de rencontre.

Q -j’ai remarqué que tu ne décorais pas tes pièces ?

R -c’est vrai, je ne suis pas douée peut être, non, plutôt j’ai l’impression de perdre mon temps quand je fais de la décoration, parce que d’autre formes surgissent dans mon esprit et j’ai peur de les perdre, c’est plus important pour moi que la décoration, je laisse ça à des collègues. Moi c’est la forme qui m’intéresse, la terre nue oui, l’habit non. L’argile que je prépare du début jusqu’à la forme finale. Une fois la pièce née, habillez là comme vous voulez ! Une autre forme apparait, floue, sur le morceau d’argile en attente. Et je pars à sa recherche avec mes doigts infatigables.

Silence, l’artiste cherche la forme dans la masse de poussière humidifiée. Un vase ? Une cruche ? Une forme nouvelle qui trouvera sa place dans un musée ou un salon. Zohra n’est plus qu’une énergie en mouvement et moi, l’intrus, je m’éloigne sur la touche de mon clavier ...

Entretien réalisé par Mhamed Hassani

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